21 mai 2022

Pierre Labrousse Conférence du 14 mai 2022

Pierre Labrousse Conférence du 14 mai 2022

Dictature sanitaire : Comment le rationalisme des Lumières rend fou

La philosophie des Lumières nous a-t-elle rendus plus raisonnables ? L'Homme du XXe siècle échappe-t-il vraiment aux préjugés ? Y a-t-il des constances dans le mécanisme des croyances ? Comment échapper aux incertitudes ? Comment faire son jugement alors que l'information en temps réel nous saoule de mots et d'images que nous n'avons pas les moyens de juger ?

Pierre Labrousse est professeur agrégé de philosophie et auteur de nombreux livres. Il a souvent été cité dans la presse pour les Cafés Philo qu'il organise sur Colmar. https://www.colmar.tv/VOD/Sortir/Pause-philo-Pierre-Labrousse-2-MC9wjf1Dez.html Son dernier livre « Le clone de l'apocalypse » est un roman d'anticipation qui nous projette dans 50 ans ; fantastique, prophétique, philosophique mais aussi romantique. « Il se finit bien » dira-t-il à l'audience qui émettra un sourire de soulagement.

Alors qu'Andréas Pfeiffer venait d'évoquer « La Marche du Réveil», Pierre Labrousse enchaîne astucieusement en parlant de marcheurs qui peuvent tout à fait être endormis puis rebondit sur ce qui rassemble les quelques 150 personnes qui assistent à cette conférence : le doute et la capacité de remettre en question l'indiscutable. Pour comprendre, il convient de remonter à Descartes et de revenir sur les éléments qui constituent la pensée dominante mais aussi de se questionner sur le rapport entre foi et science, cosmologie et astrophysique.

 

Pierre Labrousse cite Paul Valéry : « tout ce qui est simple est faux, tout ce qui est complexe est inutilisable ».

La dictature sanitaire est l'aboutissement logique de notre lien à la vérité. La vérité doit servir à quelque chose, ainsi la science apporte des démonstrations, des preuves, des évidences. Le contraire s'appelle une croyance.

Karl Popper souligne le fait qu'un scientifique veut toujours imaginer la possibilité de s'être trompé. Il s'oppose en cela à Descartes et à Kant. Lorsque la science entre dans les mathématiques, elle ne peut faire de retour en arrière. Le scientifique pense contre lui-même, il voudra pouvoir démontrer que sa théorie fausse d'où l'expression « jusqu'à preuve du contraire ».

Les politiques ne peuvent accepter les incertitudes de la science car ils demandent les sacrifices (confinement, masques, etc.).

Entre le scientifique et le politique naît donc une « chimère » qui maquille la science en certitudes indiscutable : « l'expert ». Un expert vend donc de la croyance en parlant de science. (Le livre d’Alain Denault, « La médiocratie », 2015, dont le premier chapitre, « Le savoir et l’expertise » est très éclairant sur la différence qu’il y a entre ces deux choses.)

Pourquoi certains gens intelligents et cultivés refusent d'écouter les arguments ? Il convient ici de comprendre la triangulation de la croyance. Croire c'est croire quecroire en et croire quelqu'un. Le « croire que » est un acte de l'intelligence, une interprétation qui semble suffisante et est donc satisfaisante. Le « croire en » traduit les espérances, une volonté et des valeurs qui motivent et donnent un sens à notre existence. Le « croire quelqu'un » est la résultante de la confiance placée en l'autre, personne, réseau social ou personnalité. C'est bien cette triangulation « strangulatrice » qui enferme pour qu'il n'y ait pas remise en cause de ses croyances et donc par extension des personnes, réseaux ou personnalités. Ainsi, malgré les incertitudes, toute croyance parvient à subsister car pour la dépasser il conviendrait de remettre en cause non seulement les idéaux (progressisme, « La Science » ) mais également certaines relations sociales.

Pierre Labrousse nous détaille un sondage réalisé auprès de canadiens en ce qui concerne la politique anti-russes et les privations de libertés imposées par les mesures sanitaires. Les résultats sont divisés en deux groupe, le premier se dit favorable aux mesures à 80% tandis que le deuxième ne l'est que pour 9% (voir https://rusreinfo.ru/fr/2022/03/ukraine-la-ville-de-zilopol-reduite-en-cendres-par-les-russes/fbclid=IwAR0Z_nG5p2tPj_HarBpTGudLsnbBNmMOMPwNwi3m404hZAPMKXycWfSFFm8). Qu'y a-t-il donc comme différence entre ces deux cohortes ? La première représente les individus vaccinés trois fois, la deuxième les non-vaccinés. On peut en déduire que le doute amené à l'esprit de certains par la narratif du Covid amène à un doute plus général.

Vous ne pourrez comprendre le monde si vous ne comprenez pas la source philosophique, originelle. Pierre Labrousse, en bon pédagogue remet deux textes à l'auditoire : Descartes - Discours de la méthode, I, §7 et partie VI, §2. Descartes étudiait à La Flèche, école de Jésuites devenue par la suite école militaire. S'il déclare n'avoir rien appris d'utile à la vie  dans cette école (la meilleure) il ne déduit qu'aucun savoir valable et utile n'a jamais été trouvé. L'orgueil de la modernité juge tous les siècles à partir de lui-même et fait table rase du passé. Dans le deuxième texte, Descartes a enfin trouvé ces connaissances « fort utiles à la vie » : les mathématiques. Euclide énonçait qu'un point (en mathématique) n'a ni longueur ni largeur, un point n'existe donc que par définition. Le discours mathématique est construit à partir de notre esprit. Ainsi, penser le monde comme les mathématiques est-il faire du monde une construction de son esprit. Descartes n'aura pas découvert après coup que les idées (innées) et principes (rationnels) s'appliquaient aux choses.

Heidegger (1989-1976) nous apprend à lire que la Modernité n'est pas une révolution scientifique aboutissant à des applications techniques mais est, au contraire, une décision d'imposer sur les êtres, une toute puissance technique qui présuppose de réduire les êtres à l'utilisation que nous pouvons en faire (Gestell - Arraisonnement). La Modernité réduit toute chose à l'usage auquel elles sont destinées. L'Homme moderne se définit en maître et possesseur de la nature, considérée comme un magasin dans lequel on prend jusqu'à épuisement.

Si la toute puissance constitue l'essence de l'homme moderne, on comprendra que les États occidentaux jugent insupportable l'impuissance dans laquelle nous laissait le Covid hier, et la guerre en Ukraine aujourd'hui.

Pierre Labrousse termine son exposé en citant 3 préjugés et fake news que traîne le progressisme de la modernité.

1- Présenter nos ancêtres pré-modernes comme crétins en citant le platisme médiéval est une fake news inventée par Voltaire. En effet, l'homme savait que la terre était ronde dès le IVe siècle avant JC et en avait même calculé le périmètre !

2- La théorie du Big Bang est citée comme une preuve avancée par un adversaire de La Genèse. Il n'en est rien puisque Georges Le Maître, son inventeur, était prêtre jésuite. Pie XII « Jamais je n'aurais oser espérer que la science viendrait confirmer la Bible ». En effet, les premiers mots de la Bible sont « au commencement». Les athées comme les grecs croyaient le monde éternel.

3- Faire croire que le matérialisme est un humanisme qui affranchit les hommes alors même qu'il détruit le libre arbitre.

La liste des doutes est longue...

C'est ainsi que Pierre Labrousse achève son « cours». Pressé par le temps, il aura dû raccourcir son temps de parole au désespoir de l'auditoire qui n'a pas vu le temps passer et qui aurait volontiers accepter une heure de colle supplémentaire. Pierre Labrousse maîtrise l'art du rythme de la parole, les hauteurs des envolées érudites pour ne pas perdre son audience tout en suscitant l'envie d'en apprendre plus. En fin pédagogue, il sait les ponctuer d'exemples pratiques et d'images parlantes sans oublier les touches d'humour qui, permettent à la concentration une bonne oxygénation. À n'en pas douter il aura conquis l'auditoire.

Il répond ensuite à quelques questions.

Q° - Comment l'esprit humain peut-il aussi bien décrire les choses ? 

Le mathématicien se demande si sa théorie est juste, il n'en finit pas de la réécrire, de la recalculer. Le physicien ne pourra jamais ouvrir la montre, il ne peut donc que la théorie sans pouvoir se comparer au réel. Saint Thomas d'Acquin disait « Dieu pense tout à partir du concept qu'il forme lui-même ».

Q° - La Science est-elle encore enseignée ?

La réponse est apporté par Marcel de Corte dans « L'intelligence en péril de Mort » : notre monde moderne réduit le réel à des équations (rationalisme) mais la raison ne peut se développer qu'à partir d'une saisie initiale de ce que sont les choses.

 


Addendum de Pierre Labrousse : dans la suite de la journée, la question de la religion a été abordée. « Je voudrais simplement préciser deux choses, faire deux distinctions. Ces ajouts seront un peu abrupts : désolé, ils condensent quinze ans de réflexion ».


1 Foi n’est pas croyance


La croyance est un jugement qui a le tort de manquer de rigueur alors qu’il aurait pu et dû en montrer davantage. La croyance a tort de ne pas parvenir à être plus rigoureuse et scientifique. Or il y a des domaines où la science serait de toutes façons impossible l’interprétation ; la foi.


L’interprétation parce qu’il ne s’agit pas de dérouler un raisonnement démonstratif mais de créer un rapprochement, par exemple entre un texte allemand du XVIIe siècle et un auditeur français qui peut souhaiter une traduction proche de l’original quitte à ce qu’elle soit difficile, ou au contraire une traduction plus proche de sa grammaire et de son univers. La mise en scène est une interprétation, la traduction, l’explication de texte, etc.. Dans ces domaines, plusieurs interprétations sont possibles car il y a plusieurs façons possibles de rapprocher les choses et les gens. La foi porte, par essence, sur ce qui dépasse nos capacités cognitives : quand on parle de Dieu, tout concept est un mensonge – théologie négative ou «apophantique».

La foi n’est donc pas une science inaboutie. Ce n’est pas une croyance qu’on aurait eu le tort de ne pas transformer en science. Foi, dans le « dogme catholique » « libre adhésion de la volonté et de l’intelligence aux vérités révélées »L’objet de la foi est ce qui ne se démontre ni ne se conçoit. Ceci vaut en tous cas pour la foi chrétienne dont les enseignements commencent là où la raison s’arrête. « Credo quia absurdum » disait Tertullien : je crois parce que dans le christianisme, Celui qui est et a tout meurt comme le dernier des esclaves, et ça c’est tellement impensable qu’aucun homme n’avait jamais inventé une chose pareille.


2 Religion ne signifie pas organisation ou institution


Quand les philosophes veulent réfléchir sur la religion, ils veulent faire autre chose que de la théologie - auto-explicitation de la doctrine, discours interne. S’ils prétendent que leur discours décrit ce qu’il y a d’essentiel, de fondamental (ce qui est normal : si on ne prétend pas dire quelque chose d’intéressant, autant se taire) alors ils présupposent que la religion ignore ou dissimule ce qu’elle est fondamentalement. La philosophie de la religion ne peut prétendre expliquer la religion que si elle présuppose qu’elle est capable de définir l’objet spécifique de la religion, Dieu. C’est ainsi que les philosophes prétendent savoir ce qu’est Dieu, par leur propre raison, mieux que les croyants malgré leur révélation. Enfin pour un croyant la « religion en général », ça n’existe pas.
Pour le croyant, il y a la véritable religion, la sienne (si je crois que ma religion est fausse, alors j’en change) et puis il y a toutes les autres qui seront vraies pour autant seulement qu’elles posséderont une partie de la vérité. « Religion » au Moyen Âge ne signifie pas une organisation sociale. Religion (religio) vient de relire (relegere) car il faut toujours relire les textes sacrés dont le sens et la portée excède nos capacités interprétatives. Religio vient aussi de re-eligere : re-choisir, choisir à nouveau, se convertir. Religio vient enfin de religere : relier l’homme à Dieu. Telles sont les trois étymologies proposées saint Thomas d’Aquin. Autre sens : la religion est une vertu, sous catégorie de la Justice : aptitude à rendre à Dieu l’hommage qui lui est dû. C’est cette vertu morale qui fait qu’il y a, dans toutes les sociétés humaines traditionnelles une religion naturelle. Ajoutons que la raison essaye ensuite de comprendre Dieu et se heurte alors à un problème souligné par Aristote dans la Métaphysique : Dieu est « pensée de la pensée » objet suprême pour notre intellect et, à ce titre inatteignable. La
raison, en progressant dans la connaissance naturelle de Dieu parvient alors à ses limites et se trouve alors en attente d’une révélation qu’elle ne peut qu’espérer.

 

Pierre Labrousse Conférence du 14 mai : vidéo


14 avril 2022

« Soumission au discours : principes et ressorts »

Barbara Houbre : Maître de conférences en Psychologie Clinique et Psychologie de la Santé, Psychologue et Psychanalyste. Elle intervient ici au titre de citoyenne. Elle a fait partie durant 10 années d’une équipe de recherche spécialisée dans le domaine de la Santé Publique. Une équipe composée de médecins, statisticiens, épidémiologistes et psychologues de la santé. Aujourd’hui, elle exerce à l’université en tant qu’enseignant-chercheur avec une approche plus clinique d’inspiration psychanalytique.

Barbara Houbre : Maître de conférences en Psychologie Clinique et Psychologie de la Santé, Psychologue et Psychanalyste. Elle intervient ici au titre de citoyenne. Elle a fait partie durant 10 années d’une équipe de recherche spécialisée dans le domaine de la Santé Publique. Une équipe composée de médecins, statisticiens, épidémiologistes et psychologues de la santé. Aujourd’hui, elle exerce à l’université en tant qu’enseignant-chercheur avec une approche plus clinique d’inspiration psychanalytique.

 

                « Soumission au discours : principes et ressorts » 

ou « Moi la vérité, je parle »

 

Le titre fait en partie référence à un article écrit par un psychanalyste, J. Lacan. Il énonce le fait que « la vérité » est d’abord parlante. Mais quelles garanties offre la parole ?
La vérité doit être parlante : « est ce juste ? ».
Pour rappel, la science n’a pas de prétention à dire la vérité.
L’assertion incantatoire a pour effet de couper la parole de l’autre. Il doit y avoir une mise en débat car le doute est à la base de toutes les sciences.
L’épistémologie est la science des sciences, c’est une discipline de la philosophie. Elle étudie les courants de pensée dans la science. Elle n’est malheureusement plus enseignée à l’université ou de façon très marginale. Il faut être inscrit en philosophie pour en avoir une connaissance approfondie.

A. De l’épistémologie…

 

On trouve dans l’Histoire, deux courants différents : Rationalisme et Empirisme.

Pour le rationalisme, nos 5 sens nous trompent sur ce que nous pensons être la réalité.
L’allégorie de la caverne (Socrate) en est l’illustration : ce qui est perçu dans le fond de la grotte ne peut pas correspondre à la réalité et il faut donc sortir de cette caverne pour accéder à la réalité (comme le font les philosophes). Matrix, film culte, en est une très belle l’illustration.
Pour Platon, les mathématiques sont la voie qui nous permet de dépasser ce que l’on perçoit de la réalité.

Pour l’empirisme, nous avons accès à la réalité de manière objective et mesurable. L’empirisme, représenté par Aristote, remet à l’honneur les sciences de la nature. L’observation est à nouveau possible. L’astronomie sera la discipline phare de l’empirisme.

Ces deux courants transcendent les recherches dans chaque discipline. Il n’y pas UNE science et UNE vérité. Il y a DES sciences qui tentent d’approcher LES vérités.

Galilée a donné naissance aux sciences dites « modernes » et crée le premier invariant scientifique d’expression mathématique : c’est une « mathématisation » de la réalité. La réalité réduite à un chiffrage. Les observations confirment cet invariant. Rappelons que Ptolémée avant lui, avait énoncé le géocentrisme (à l’opposé de l’héliocentrisme). C’est un modèle erroné dont les prédictions étaient justes. Le modèle de Ptolémée a tenu 15 siècles. Cette indication doit pousser à l’humilité des résultats ou de ce que l’on présente comme une vérité.

Kant, rationaliste, exprime que chacun a sa représentation de la réalité. Il y a toujours un écart entre la réalité et sa représentation.

B. Des statistiques…

Winston Churchill disait « Ce que les statistiques montrent est intéressant mais comme les maillots de bain ce qu’elles cachent l’est encore plus »

Joan Ioannidis en 2015 a écrit un article « Pourquoi la plupart des résultats statistiques sont faux », il alerte quant aux conflits d’intérêts et aux enjeux financiers dans la recherche bioméciale. C’est pour lui un des 6 facteurs favorables à des publications présentant de faux résultats.

Si l’on considère le taux de létalité (le taux de mortalité des personnes infectées) par classe d’âge ainsi que les différents facteurs de risque, nous pouvons conclure que nous sommes en présence d’une syndémie et non d’une pandémie. La syndémie > lorsque l’expression d’une maladie au sein d’une population est conditionnée par des facteurs biologiques et/ou environnementaux qui aggravent l’expression d’une maladie.
Dans le cas du covid, ils sont à présent bien connus : l’âge, le surpoids voire l’obésité, et les comorbidités.

Dr Alice Desbioles (médecin de santé publique) : audition le 8 février 2022 auprès de la commission des affaires sociales dans l’évaluation dans le cadre de l’adéquation du passe vaccinal à l’évolution de l’épidémie de covid-19. Ses conclusions sont simples : l’instauration du passe sanitaire, le confinement et la fermeture des écoles sont des mesures qui ne sont pas fondées sur les preuves.

En revanche, en démographie le virus en 2020 a eu ce qui est appelé un effet « moisson » (augmentation de la mortalité chez les personnes âgées et fragiles à l’arrivée d’une saison grippale plus forte suite à plusieurs saisons consécutives de grippe avec peu de décès.).

Thomas Starck & Maxime Langevin, ingénieurs polytechniciens, ont réalisé une évaluation rétrospective de la gestion politique de la crise et des modélisations utilisées pour prendre des décisions politiques (résultats accessibles sur internet : https://evaluation-modelisation-covid.github.io/france/demarche). Ils ont éprouvé 11 modélisations (de l’Imperial College, Institut Pasteur, Inserm) et les ont comparées avec ce qui est advenu dans la réalité. Dans 9 cas sur 11, la réalité est dehors des valeurs proposées. On peut constater que les écarts entre les maxima et les minima sont tellement importants que les modélisations ne peuvent orienter les décisions politiques alors que les décideurs font bien évidemment le choix du scénario le plus dramatique. Il faut rappeler que la modélisation est ce qu’il y a de plus faible en niveau de preuve. Cette méthode n’est pas reconnue par la Haute Autorité de Santé. Leur conclusion : surestimation des évaluations concernant les admissions hebdomadaires à l’hôpital, surestimation du taux d’occupation des lits en hospitalisation conventionnelle, en soins critiques, etc.

Sans compter la désinformation dans la presse. Un exemple: lorsque Jérôme Marty indique à Noël 2021 800 hospitalisations d’enfants en 6 semaines, il omet de dire que sur le même laps de temps, 729 sont rentrés chez eux.

F. Alla, professeur en santé publique, a démissionné du Haut Conseil de la Santé Publique, une démission effective depuis le 5 janvier 2022. Il s’en explique dans le Quotidien du Médecin : lors de la crise sanitaire les agences dévolues à la santé (HCSP, Haute Autorité de Santé ou Santé Publique France) n’ont pas joué leur rôle d’expertise mais venaient entériner les décisions déjà prises en amont. « Durant la crise sanitaire, le HCSP a émis de nombreux avis techniques mais aucun avis stratégique. Il a pourtant, normalement, une mission stratégique mais c’est le Conseil scientifique qui a fixé les axes stratégiques importants durant la crise : confinement, couvre-feu, stratégie de vaccination, etc. Le HCSP se contente d’émettre des avis techniques de mise en application. On assiste à un dévoiement complet de l’expertise. »
Nous assistons donc à un transfert de compétences où tout le pouvoir d’expertise est attribué au conseil scientifique. Conseil scientifique dont il faut rappeler que sa constitution s’est faite par cooptation. Ce qui implique, à priori, qu’on n’y invite que des gens avec lesquels nous sommes plutôt d’accord. Est-ce qu’un débat d’idée, est-ce qu’une dispute, au sens positif du terme a pu se réaliser dans ce lieu ?


C. Des évènements indésirables :

La pharmacovigilance est passive, seuls 10% des cas seraient remontés d’après une évaluation du VAERS. La méthode d’imputabilité (lien de cause à effet)  est la méthode Begaud en France. Elle implique que l’évènement indésirable doit être spontanément réversible à l’arrêt du médicament (dechallenge-rechallenge). Dans l’exemple d’un médicament, on l’arrête et l’on voit l’effet indésirable disparaitre, puis on le reprend et l’on constate de nouveau la survenue du même effet indésirable. Evidemment cette méthode ne permet pas d’imputer un événement indésirable définitif. En cas de décès également, l’imputabilité n’est pas possible. A moins que le mort revienne à la vie, reprenne le vaccin pour décéder à nouveau.

Soumission au discours :

Il y a une logique mortifère de déshumanisation. Pour tendre vers la vérité, la science procède à la deconstruction de la réalité. Pour déconstruire et reconstruire, il faut du débat. Dans cette crise sanitaire, on a observé un refus de débat et un rejet de la parole. Il y a aussi un refus de la fin, de la mort. Dans une recherche de l’éternité : « pour ne pas mourir on nous empêche de vivre ». Notre société va devoir réapprendre à vivre avec la mort. Vitre comporte forcément un risque. Aujourd’hui, avec le chantage à la vaccination on oppose, la liberté et la vie (Stiegler et Alla).

Seul le consensus résiste au temps, il y a nécessité de temporalité dans les sciences. Il y a le temps pour la découverte et le temps de la justification. Supprimer ces deux temps revient à considérer qu’il n’y a pas d’histoire.

Le gouvernement a ainsi opposer bien (se faire vacciner) et le mal (ne pas se faire vacciner)  en justifiant la violence infligée et les attitudes criminelles à l’endroit de ceux qui ne feraient pas le bien. La déontologie Kantienne incite à penser le bien versus le mal dans chacune de nos actions en dehors de leurs conséquences. Aujourd’hui le bien/le mal n’est déterminé que par l’application des procédures et le respect des règles. Voir « La banalité du mal » Hannah Arendt.

Barbara Houbre conseille la lecture de « Gorgias » de Platon. Nous connaissons le combat que Platon et Aristote ont mené en leur temps face aux rhéteurs et sophistes qui usaient d’un univers qui ne serait qu’illusion pour mettre en avant des raisonnements qui ne visent qu’à persuader l’auditoire. Les sophistes ne s’encombrent ni d’éthique, ni de justice, ni de vérité.

La fonction politique connait en temps normal 4 pouvoirs : Légistlatif - Exécutif - Médiatique - Judiciaire.
Il n’y a plus aujourd’hui de contre-pouvoir. Difficile dans ces conditions de parler de démocratie.

La médecine qui nous a été proposée lors de cette crise sanitaire, à travers une vaccination aveugle pour tous, est une médecine sans clinique, sans patient. Une médecine qui s’occupe d’un organisme, sans âge, sans particularité, sans co-morbidité, sans poids, sans histoire, sans pathologie associée, sans allergie. Une médecine qui n’est d’ailleurs pas nouvelle. Skrabanek*, professeur de médecine et membre de l’équipe éditoriale du Lancet, a dénoncé dès 1997 le « totalitarisme rampant » du « culte d’une super-santé » (le biostylisme) avec le danger d’une normalisation collective des comportements érigée en politique d’état. Hannah Arendt a souligné combien l’insertion de l’humain dans le « métabolisme de la nature » est à l’origine de l’aliénation du travailleur dans les sociétés modernes. En effet, l’humain, parce que réduit à son métabolisme peut être suspendu. Le citoyen, parce que réduit à son métabolisme, peut être interdit de partager la vie en société, d’entrer dans un restaurant.  
    *  Skrabanek, P. & Mc Cormick, J. (1989). Idées folles, idées fausses en médecine. Paris : Odile Jacob    

De l’idéalisation de l’Amour en psychanalyse qui aliène et entraine la perte. La moralisation du discours d’Emmanuel Macron en juillet avec l’obligation d’injection a transformé un geste médical en geste politique. La médecine moderne doit être suggestive et non pas autoritaire.

L’épistémologie devrait être enseignée très tôt dans le cursus universitaire. Et la philosophie plus tôt chez l’enfant. C’est une discipline qui permet de mettre en perspective les discours.

 

Q° : quid de la psychose sociale collective ? Qu’aurions nous pu faire de plus pour faire comprendre , entendre ?
B.H. : On ne peut pas à proprement parler de psychose, qui est une structure, un mode de fonctionnement.
En psychologie, le réel n’est pas la réalité et renvoie à tout ce qui ne peut pas être représenté.
Le réel est l’impensable, l’innommable est en dehors du langage. En psychanalyse, ce sont la sexualité et la mort. Le réel a un effet de fascination, il capte le regard. Pour ne plus être fasciné par le réel que les médias a présenté sous nos yeux, il convient d’éteindre sa télé, de parler et de favoriser le débat scientifique.


Q° : les sous-citoyens. Est évoqué le discours de Vera Sharav, rescapée d’Auschwitz qui alerte sur les ressemblances du présent avec la shoah. Elle parle aussi de la masse silencieuse qui se rend complice des agissements criminels et de la souffrance. Que pensent les étudiants de tout cela ? Ne sont il pas trop enfermés par internet ?

B.H. : Il y a eu beaucoup de souffrances chez les étudiants pendant la crise. L’Université aujourd’hui mène à la professionnalisation, un formatage pragmatique alors que l’objectif premier de l’Université devrait être développement de l’esprit critique. Les étudiants ont une culture très large grâce à internet mais manque de débat critique. Peu d’entre eux savent en arrivant à l’université rédiger une dissertation et donc discuter des idées : thèse, anti-thèse, synthèse. C’est pourtant la base !

La fonction d’un intellectuel est de faire entendre aux politiques les récriminations de la Société, des citoyens. Ils amènent à écouter la parole des gens. Aujourd’hui la majorité des « intellectuels », si on peut encore les appeler comme ça, les infantilise et la parole est confisquée.

G.B. : les étudiants oublient l’humain - ils sont techniques (IRM, prises de sang…) M.W. : Pour exemple et avec de chaleureuses pensées pour Jean-Dominique Michel qui a été remercié de tous ses potes universitaires.
Dans plusieurs pays, la morale a été utilisée pour culpabiliser les enfants et les jeunes au mépris de l’intérêt supérieur de l’enfant (Conseil de l’Europe). On pourra parler de psycho-trauma dans 10/15 ans

M.W. : Pour exemple et avec de chaleureuses pensées pour Jean-Dominique Michel qui a été remercié de tous ses potes universitaires.
Dans plusieurs pays, la morale a été utilisée pour culpabiliser les enfants et les jeunes au mépris de l’intérêt supérieur de l’enfant (Conseil de l’Europe). On pourra parler de psycho-trauma dans 10/15 ans

Qu’aurions nous pu faire de plus pour faire comprendre , entendre ?
Ne pas désespérer, continuer à expliquer, une petite lueur peut intervenir à tout moment.

 





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