J’achève la lecture de ce livre et depuis les toutes premières pages, un regret qui m’a envahi : ne l’avoir pas lu plus tôt.
« Tout l’art du politique est de faire croire » Machiavel
Arnaud-Aaron Upinsky est mathématicien, linguiste, historien des sciences, expert en systèmes logiques et épistémologue. Il est l’exemple même de la pensée complexe décrite par Edgar Morin qui préconise de ne plus découper, compartimenter les champs de connaissances mais au contraire penser dans la transdisciplinarité. C’est-à-dire analyser une situation à travers le prisme de multiples de connaissances. L’étymologie de « complexus » signifie « ce qui est tissé ensemble ». Pour donner un exemple simple, une pensée complexe concernant un bâtiment serait l’addition des regards du maçon pour la qualité des matériaux, de l’architecte pour l’analyse de sa conception, de l’artiste pour sa vision esthétique, du comptable pour son rapport financier et de l’habitant du bâtiment pour son retour pratique. Il semble logique de penser que c’est bien l’entrelacement de ces regards qui permet de tendre vers la « vérité » de ce bâtiment, non ?
https://www.youtube.com/@ArnaudUpinsky_ - http://upinsky.work/
L’idée de cette pensée complexe pourrait nous porter à croire que ce livre le sera tout autant à lire. « Ce qui se conçoit clairement s’énonce bien » disait Lacan, corrigeant la citation de Nicolas Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Ces citations sont emblématiques du livre d’Arnaud-Aaron Upinsky à plusieurs titres mais avant tout parce que, depuis cette pensée complexe et depuis les prismes de ses savoirs, il nous délivre des messages clairs, des démonstrations d’une simplicité renversante et nous libère des affres d’un questionnement infernal auquel chaque réponse ne suffit pas en soi à apporter LA réponse.
« Tous les arts ont produit des merveilles ; l’art de gouverner n’a produit que des monstres » Saint-Just (La tête coupée, p. 377)
Ce livre met fin à la loi du silence, condition sine qua non du pouvoir et Arnaud-Aaron Upinsky nous offre ses analyses, logiques, historiques, philosophiques, épistémologiques, linguistiques et mathématiques. Assurément, c’est à maintes reprises, à la lecture de ce livre, que vous serez saisis par ces évidences et vous demanderez comment il est possible que vous ne l’ayez pas constaté par vous-même. À cette question aussi, vous trouverez la réponse.
Cet ouvrage est la clef du « verrou de l’esprit », ce filtre qui fait de nous des myopes face à l’horizon de l’histoire, ce « truc » du magicien sans le dévoilement duquel nous restons sous hypnose.
Monsieur Upinsky nous plonge dans le cœur d’une enquête criminelle au cours de laquelle il va d’abord faire l’étude de la scène du crime et établir le constat des dommages. Il va ensuite remonter aux faits l’ayant précédée, qu’il décortiquera pour poser, sans qu’il ne puisse plus planer aucun doute, l’intention, la préméditation, le mobile et le modus operandi. Il démonte un à un les mensonges, manipulations et tentatives de dissimulation pour en finir par la désignation des coupables.
Le voile de la désinformation posé à dessein sur l’Histoire nous prive de nos racines culturelles, religieuses mais aussi de la conscience collective. Un enfant se construit sur la connaissance de ses ancêtres et l’histoire de sa famille à partir de laquelle il forgera la sienne ; si des mensonges lui sont contés et même s’il n’en a pas conscience, sa construction sera bancale et ce sentiment sera de plus en plus prégnant et déstabilisant. Il en va de même pour les civilisations.
La Révolution est un symbole extrêmement fort dans l’histoire de France, tant pour les Français que pour les étrangers. Et si elle n’était pas ce que l’on nous en a dit ? Et si, même, il s’agissait exactement de l’inverse, à savoir de la prise de pouvoir par quelques-uns sur un peuple tout entier ?
Certains connaissent parfaitement le déroulement de l’histoire, et après avoir lu La Tête coupée vous prendrez toute la mesure des mots d’Emmanuel Macron en janvier 2024 durant un Conseil de ministres :
« « Je ne veux pas de ministres qui administrent, je veux des ministres qui agissent. Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires ». Et Emmanuel Macron d’aller encore plus loin dans la métaphore du combat : « vous êtes des soldats de l’an II du quinquennat ». Est-il judicieux de rappeler que l’an II (1793-1794) marqua l’instauration d’une régime de la Terreur, notamment avec les colonnes du général Turreau. Des horreurs ont été commises pendant cette période et plus largement pendant la Révolution » (Virginie de Araújo-Recchia, La France sacrifiée ?, p. 25).
Le fil directeur de La Tête coupée repose sur l’opposition de deux langages, celui du réaliste et celui du nominaliste. Pour le réaliste, le langage vient du verbe divin et les noms, de la réalité elle-même. Il est la volonté même de Dieu. L’homme médiéval part de la réalité pour comprendre les représentations sensibles : la famille, modèle représentatif de la stabilité, le mouvement, l’unité et l’autorité qui s’entend comme celle de Dieu, celle d’un père sur ses enfants. « Le nominalisme est le point de vue inversé du réalisme ». Son principe est quantitatif, c’est le nombre. Il prend le langage mathématique pour idéal en enfermant la parole dans des mots et les mots dans des nombres. « Ce n’est plus la réalité qui fait le nom mais le nom qui fait la réalité ». L’Angleterre est le berceau de ce langage totalitaire. Tout au long de son livre, Monsieur Upinsky explique, démontre et convainc de l’importance du langage. Il est notre source de pensées, représente notre société et évolue avec elle ; il est notre hérédité, notre mémoire ; il peut être « coupé », « écran », « mathématique », « fort », « inversé », « manipulateur », « diffamatoire » mais aussi libérateur, spirituel et juste. La Tête coupée révèle l’arme qu’est le langage, arme dont le maniement pervers, comme la sophistique, est meurtrière et nous mène au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou à celui de George Orwell dans 1984.
Cette perversion du langage est aussi dénoncée par Hannah Arendt qui décelait l’objectif de domination ultime par la disparition de toute pensée critique au moyen de l’appauvrissement du langage tout comme Ariane Bilheran, dans ses ouvrages, Le Débat Interdit ou Psychopathologie du totalitarisme
« La perversion s’allie à la paranoïa pour mettre à mort la langue et en produire une nouvelle, correspondant à l’idéologie délirante » (Psychopathologie du totalitarisme, p. 42 et p. 114).
Monsieur Upinsky décrit dans son livre les techniques par lesquelles nous sommes manipulés, abusés telles celles de L’Art de la guerre de Sun Tzu, la maîtrise des sophismes des faux dévots dénoncés par Molière avec son Tartuffe mais aussi l’application de la psychologie comme la division hiérarchique du harem, le levier de l’angoisse de séparation de l’homme social ou le statut-prestige du fonctionnaire. Enfin, il explique comment 1% de la population peut dominer les 99 autres grâce à l’effet du tonneau de Pascal et au subterfuge de la représentativité.
J’ai particulièrement apprécié l’analyse de la source de ce langage fort, de cette domination à travers l’histoire de la franc-maçonnerie et notamment le retournement du sens chrétien et la reprise de leur devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Il s’agit bien de leur devise ! Le chapitre sur la symbolique du mythe d’Hiram avec ses analogies à Prométhée ou Lucifer sont saisissantes et sont corrélées aux analyses d’Ariane Bilheran dans ses livres sur le totalitarisme et le harcèlement :
« Dès que l’on est sur une culpabilité collective qui lie les uns et les autres dans le meurtre, nous sommes dans la paranoïa… C’est exactement la méthode pour obtenir la soumission des sujets dans ce que j’ai conceptualisé sous le nom de « groupe régressé » : unir dans la culpabilité du meurtre commun. Ainsi sont les techniques initiatiques des mafias, il est question de tuer quelqu’un ou d’assister à la mort de quelqu’un. Dans l’initiation à la franc-maçonnerie, il y a une mise en scène de ce meurtre : le dernier arrivé est exposé à des symboles de mort et doit s’engager à ne pas révéler les secrets sous peine d’être tué (« avoir la gorge coupée »). Il y a une symbolique claire du meurtre.
Quand on justifie le meurtre par la loi du Talion et que ce qui unit les sujets, c’est le meurtre, on est aux antipodes du christianisme. De fait, créer le lien sur le meurtre est l’inverse du christianisme qui, lui, crée le lien sur l’interdit de tuer (Ancien Testament : « Tu ne tueras point ») et la charité (Nouveau Testament « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ») » (Ariane Bilheran, d’après Tout sur le harcèlement).
« L’abstraction permet d’inverser à volonté le vrai et le faux, le bien et le mal, le beau et le laid et nous rend comme des dieux. Il nous échange de l’être contre de l’avoir, de la bonne monnaie contre de la mauvaise, de l’or contre du papier, de l’être contre du néant tandis qu’il transforme à son profit le papier en or et le non-être en être. » (Arnaud-Aaron Upinsky, La Tête coupée – Le secret du pouvoir, pp. 503-504)
« Il faut apprendre à inverser systématiquement notre vision pour savoir distinguer le discours vrai du discours fort, […] Le Tartuffe sous le masque de la philanthropie, l’enjeu du pouvoir sous le discours de la morale, la sophistique sous l’abstraction des mots (liberté égalité fraternité), les ruses et mensonges des chiffres (sondage, majorité relative), la loi qui opprime derrière la loi qui protège, la dépendance sous la protection, l’oligarchie sous la démocratie. Le paradoxe de la Révolution avec la coexistence des Droits de l’homme et de la Terreur.» (Arnaud-Aaron Upinsky, La Tête coupée – Le secret du pouvoir, pp. 103-105).
Sachez enfin que cet ouvrage fut plagié grossièrement et partiellement. Le plagiaire déroba quelques idées originales pour en revendiquer la paternité avec la complicité de l’éditeur qui, parallèlement, tenta sournoisement de freiner la parution de La Tête coupée tout en simulant de vouloir l’éditer. Cette aventure amena Monsieur Arnaud-Aaron Upinsky à son ouvrage Enquête au cœur de la censure dans lequel il fait état de la « mafia » de l’édition, reprend ses procédures judiciaires qui s’étalent sur plus de 10 ans et nous ramène au langage fort du Procès.
« substituer une « vedette » médiatique au véritable auteur pour torpiller sa thèse en faisant mine de l’embrasser » (Arnaud-Aaron Upinsky, Enquête au cœur de la Censure, p. 399).
Cette immersion au cœur de l’édition est non seulement un exemple supplémentaire de ce langage fort qui permet toutes les inversions, les mensonges et les manipulations mais aussi l’illustration contemporaine du roman d’Honoré de Balzac :
« Aujourd’hui, les mœurs de la littérature et de la librairie ont si fort changé, que beaucoup de gens traiteraient de fables les immenses efforts, les séductions, les lâchetés, les intrigues que la nécessité d’obtenir ces réclames inspirait aux libraires, aux auteurs, aux martyrs de la gloire, à tous les forçats condamnés au succès à perpétuité. » (Honoré de Balzac, Les Illusions perdues).
Chers lecteurs, les 520 pages de La Tête coupée – Le secret du pouvoir, qui représentent 25 années de recherches, vous apporteront remises en question, réflexions, et sans nul doute, un tout autre regard sur la vie politique actuelle. La lecture de l’ouvrage d’Arnaud-Aaron Upinsky vous libérera du mensonge pervers, il vous permettra de prendre connaissance de ces notions, de les assimiler pour les faire vôtres afin de voir clair, dans ce secret du pouvoir. Vous ne serez alors plus la victime qui s’ignore mais le Français conscient et armé contre ce langage pervers.
Bonus : nous publions le Discours de Jean-François De Laharpe, (retranscrit en français contemporain) cité dans La tête coupée : "De la guerre déclarée par nos tyrans"
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