17 février 2024
Les chroniques du Ratiocineur

Les chroniques linguistiques dominicales du Ratiocineur, épisode 16

Réflexions sur le « genre »

 

Depuis cette nuit, une question nous taraude et nous empêche de dormir : le genre du cerveau de Judith Butler est-il égal au genre de notre cerveau, nous le Ratiocineur (c’est-à-dire 0, jusqu’à plus ample informé), ou est-il égal au nombre de neurones que contient le cerveau de celle-ci, à supposer qu'elle en ait un ?

Si on était dans le second cas, alors cela expliquerait bien des choses... L'histoire que nous allons raconter est basée sur des faits réels, mais c'est une fiction, donc, selon la formule « toute ressemblance, etc. ».

Un jour, M. Jean-Michel Trouduque avait à déménager de Montcuq à Lombez. Il a donc rempli un formulaire de réexpédition de courrier à La Poste... la fameuse Poste de Montcuq. Devant un tel chef-d'œuvre de la technocratie moderne qu'était ce formulaire, M. Trouduque fut embarrassé. Il avait à indiquer un « nom de naissance » et un « nom d'usage ». Naïf, notre héros se dit : « Je suis né avec un nom : le mien. Je vais donc indiquer ce nom comme nom de naissance ». Par un raisonnement analogue, il se dit : « Il est bien évident qu'étant un homme célibataire jamais marié, je ne peux utiliser qu'un seul nom : le mien ». Et Jean-Michel d'indiquer « Trouduque » comme « nom d'usage ». Notre héros semblait être tiré d'affaire.

Mais voilà... quelques semaines plus tard, bien arrivé dans la contrée où Lombez, avec fierté se situe, M. Trouduque reçoit un courrier ré-expédié à l'adresse suivante :

Madame Jean-Michel Trouduque née Trouduque

Vous aurez peut-être compris que pour éviter la mésaventure qui lui était arrivée, notre petit Jean-Michel aurait dû se dire qu'un «  nom de naissance » n'est pas un nom de naissance, mais un « nom de jeune fille », et qu'un « nom d'usage » n'est pas un nom d'usage, mais un « nom patronymique ». Dans ce cas, il aurait laissé la case « nom de naissance » vierge, puisque a priori, étant un homme, il n'a jamais eu de nom de jeune fille...

Le vrai problème n'est pas tant que M. Trouduque ait été « victime » du mauvais paramétrage d'un algorithme. Non, le vrai problème, c'est que sur toute la chaîne d'êtres humains qui aura été impliquée dans la distribution d'un courrier qui était destiné à M. Trouduque, personne n'aura été capable de se dire que « Jean-Michel » n'est pas un prénom féminin (enfin... jusqu'à plus ample informé), et de faire rectifier la boulette.

Philosophiquement, cela prouve la chose suivante : Georges Bernanos avait écrit La France contre les robots en 1947. Aujourd'hui, on a un peu progressé. Les Français n'affrontent plus des robots. Ils vivent dans une techno-administration qui les a transformés en robots et, pour la plupart - ce n'est pas notre cas, nous, le Ratiocineur - ils l'acceptent.

Comment détecter les robots ? Ce sont ceux qui ne s'émeuvent pas de la destruction de la langue et de la non-maîtrise de la règle de trois.

Quelque peu meurtri d'avoir été mégenré, Jean-Michel se rendit au bureau de poste de Lombez, et expliqua le raisonnement qu'il avait fait pour remplir le formulaire, ainsi que la critique que nous venons de faire des concepts nominalistes de « nom de naissance » et « nom d'usage ». Une jeune femme aux cheveux courts, tatouée de partout, au regard peu amène, lui tint alors ce langage : « On ne peut plus mettre « nom de jeune fille » sur les formulaires puisque lors d'un mariage votre nom peut changer même si vous êtes un homme. On progresse quand même un peu vers l'égalité des sexes même si c'est beaucoup trop lent. Et pour le prénom, effectivement vous avez raison, encore que maintenant avec le changement de genre... Mais bon vous êtes censé changer de prénom également si vous changez de sexe administrativement. Donc là c'est bien un problème. ».

Le discours tenu par notre agent public nous semble être un symptôme du fait qu'il vaudrait mieux que les lauréats des concours administratifs eussent lu et assimilé La princesse de Clêves, plutôt que parcouru avec délectations des écrits féministes ; le féminisme (nuisible) n'ayant en effet à voir avec la féminité (nécessaire).

M. Trouduque se demanda ce que pouvait bien signifier l'expression « changer de sexe administrativement » (c'est nous qui soulignons), étant donné que le sexe est une donnée biologique permanente (cf. l'histoire sur les chromosomes XX et XY...), comme l'explique très bien le psychiatre et pédopsychiatre Régis Brunod dans une intervention faite lors du fameux « Colloque du 13 mai 2023 » abordant le thème de la dérive totalitaire sur les enfants... Heureusement, M. Trouduque a de saines fréquentations, et il comprit immédiatement de quoi tout ceci était le nom :

« Quand on est en période trouble, les mots perdent leur sens, et on peut en faire ce qu'on veut. », aurait déclaré le Dr Ariane Bilheran lors d'un atelier sur les savoirs des Anciens auquel assista l'une des connaissances de M. Trouduque.

« Il a toujours été possible de passer toute absurdité et toute extravagance pour le dernier mot de la science. », disait la philosophe Hannah Arendt.

Pour parvenir à faire passer « toute absurdité et toute extravagance pour le dernier mot de la science », il suffit que votre cerveau ait un genre égal au nombre de neurones qu'il contient. C'est donc probablement le cas de celui du cerveau de Judith Butler. Et dans ce cas, il y a probablement une quantité d'air non négligeable entre ses deux oreilles.

Nous avons la réponse à notre question donc à notre question initiale...

Chers lecteurs, ne voilà-t'y pas une chronique qui restera dans les... annales (c'est le cas de le dire...) ?

À bientôt pour une nouvelle anecdote de la vie moderne, toujours pleine de poésie et de surprises.


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