« Face à la COVID-19, n’avons-nous pas atteint les limites du paradigme pasteurien ? »
C’est la question que se posent deux professionnels de santé belges Elisabeth Paul, chargée de cours à l'École de santé publique à l'Université de Bruxelles et Gilles Colin, assistant en radiothérapie-oncologie à Liège. Dans leur article paru en décembre 2021 dans la Revue médicale de Liège*, ils posent un regard critique sur les mesures prises lors de la crise sanitaire et considèrent qu’il serait temps que les politiques de santé publique appréhendent la Covid-19 et tous les autres problèmes de santé avec une approche plus holistique.
Vous trouverez ci-dessous quelques idées de l’article exprimées sous forme de questions avec trois extraits qui apparaissent en italique.
Pourquoi les politiques de santé publique se sont-elles focalisées principalement sur le virus?
« (…) il est évident que ce dernier (le SARS-CoV2) est une condition certes nécessaire mais pas suffisante, à la Covid-19. (...) On sait que la santé n’est pas seulement le fait de facteurs biologiques, mais aussi de déterminants socio-économiques et même psycho-sociaux ».
Alors pourquoi n’ont-elles pas suffisamment pris en compte l’importance des autres facteurs qui déclenchent ou aggravent la maladie comme l’âge, le sexe masculin, l’obésité, le diabète, l’hypertension, le stress, l’anxiété, certains facteurs génétiques ?
La vision pasteurienne qui pourrait être résumée ainsi « une cause, une maladie, un traitement », n’est-elle pas restreinte ?
Une approche plus holistique de la santé c’est-à-dire considérer le malade dans toutes ses dimensions (physique, mentale, émotionnelle, socio-économique) n’est-elle pas capitale ? Car tous ces facteurs influencent la santé d’une personne. Or, le système de santé n’a-t-il pas fait comme si le virus touchait les gens de la même façon et mobilisé toute son énergie pour lutter contre « le » coronavirus ?
Quid de la formation typiquement « pasteurienne » des futurs médecins ? Prend-elle suffisamment en compte cette approche holistique pour considérer la personne malade ?
« Les professionnels seront très à l’aise devant une pathologie, mais souvent insécurisés devant le malade » Bruno Dujardin politiques de santé et attentes des patients. Vers un nouveau dialogue. Charles Léopold Mayer éditeur. Karthala-Editions. Paris ;2003.
La stratégie du « tout vacciner » n’est-elle pas insuffisante (voire illusoire) pour parvenir à bout de la pandémie ? N’y a-t-il pas trop d’inconnues ?
« (...) il s’agit aussi d’une stratégie purement pasteurienne dont il faut toutefois reconnaître les mérites (...) mais toutes une série d’inconnues (durabilité de l’effet protecteur des vaccins, possibles effets secondaires à long terme, émergence de nouveaux variants, efficacité sur les populations immunodéprimées, etc.) laissent entendre qu’elle ne sera probablement pas suffisante ( ...). »
Finalement, la crise sanitaire n’a-t-elle pas révélé un manque de préparation des politiques et des systèmes de santé ?
Pour lutter contre la Covid-19 et les autres problèmes de santé, les capacités des systèmes de santé ne devraient-elles pas être renforcées afin qu’un rôle plus important soit accordé à la promotion et prévention de la santé ainsi qu’à la prise en charge précoce des facteurs de risques ?
À quand un changement d’approche et de mentalité pour une vision de la santé plus systémique, préventive et à long-terme ?
* ORBi (Open Repository and bibliography) : répertoire institutionnel de l'Université de Liège.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le lien suivant : https://orbi.uliege.be/handle/2268/265980