19 décembre 2024
Reportage

Trois agressions sexuelles sur de très jeunes enfants : impunité !

Ce samedi 14 décembre, plusieurs citoyens, collectifs, médias, associations ont manifesté concernant l'impunité offerte au violeur d'une fillette de 3 ans et aux classements sans suite de 3 viols dans le centre de loisirs Jules Verne à Châtenay-Malabry (92). Maître Bhavani Kichenin a pris la parole pour expliquer le traitement judiciaire de l'affaire mais aussi pour dénoncer les menaces faites à la maman par l'intermédiaire de l'ASE qui a convoqué Cindy par deux fois et a déposé un signalement pour information préoccupante auprès du procureur de la République. Cette tentative d'intimidation a réduit au silence les autres parents concernés par ces agressions dans ce centre de loisirs, Jules Verne. Les victimes deviennent coupables. Lorsqu'ils voient l'enfer que vit Cindy, ils ont peur de se voir retirer leurs enfants... 

« Malgré l'omerta qui règne sur l'affaire, au sein du centre de loisirs Jules Verne, de la mairie, de la police et du Parquet de -Nanterre et qui vise certainement à étouffer l'affaire de pédocriminalité, les marcheurs poursuivront leurs actions à travers toute la France pour briser le silence » ont déclaré les médias, associations et collectifs présents sur place. 

Vous pouvez retrouver la vidéo des prises de parole ici ainsi que la chanson réalisée par Oliver, chanteur, qui a été touché par l'histoire de Cindy. dont voici l'histoire.

C'est au centre de Loisirs Jules Verne de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine, que Cindy était contente d'amener sa fille Lilah jusqu'à ce 14 février 2024.

Cindy est heureuse de confier sa fille au centre de loisirs, car cela lui permettait de s’exercer au langage et ainsi de travailler à combler le léger retard dont elle souffre. Au centre, « tout se passe bien, on aime beaucoup Lilah »

14 février 2024 . Ce jour-là, elle dépose Lilah un peu plus tard que d’habitude. En venant la chercher le soir, il est dit à la maman qu’elle a beaucoup pleuré dans la journée, « des pleurs pas ordinaires » : sur le chemin du retour, Cindy constate que sa fille marche bizarrement et se plaint plusieurs fois en disant « bobo ». En rentrant à la maison, elle demande à sa maman de l’accompagner aux toilettes, alors même qu’elle y va seule d’habitude. C’est là que Cindy découvre l’horreur : d’abord du sang dans la culotte de sa fille et des hurlements de douleur lorsqu'elle tente d'uriner. Elle n’a d’ailleurs pas pu uriner durant 48 heures.

On ne peut qu’imaginer le tsunami d’émotions qui envahit Cindy devant une telle violence, une telle horreur. Cindy est sous le choc et n'arrive pas à se dire que sa fille a pu être violée, c'est beaucoup trop monstrueux, beaucoup trop violent à ce moment. Cindy va faire preuve d’une grande maîtrise et appelle le 15 et se rend à l’hôpital Béclère à 21h. La pédiatre qui les reçoit constate des croûtes, des gouttes de sang séché, des bleus et aussi des traces sèches et blanches. Elle demande alors à Cindy de prendre des photos et d’appeler l’unité médico-judiciaire de l’hôpital Poincaré de Garches. 

Rentrées chez elles, elle donne un Doliprane à sa fille afin qu'elle parvienne à s'endormir malgré la douleur. Cindy ne peut fermer les yeux de toute la nuit. Dès le lendemain matin, les médecins de l’hôpital lui disent qu’elle doit d’abord déposer plainte et que c’est le procureur qui les adressera alors au médecin mais au commissariat d’Antony, les agents ne prennent pas sa plainte et après l'avoir laissée patienter pendant des heures, ils lui conseillent de rentrer donner une douche à Lilah et de lui donner un Doliprane.

Cindy rentre chez elle et rappelle l’hôpital Béclère, une assistante sociale contacte alors le procureur et demande à Cindy de revenir avec sa fille. Un médecin va constater les blessures et Lilah sera opérée, des points de suture étant nécessaires pour fermer la plaie. Cindy avait besoin que des mots soient mis sur ce qui est arrivé à sa fille afin de pouvoir passer la barrière de l'impensable.

À aucun moment les services médicaux n'auront proposé une prise en charge psychologique malgré l'évident traumatisme de la fille et de la mère.

La thèse de l’accident qui est opposée à Cindy ne tient pas car les vêtements n’ont subi aucun dommage, ce qui aurait été le cas si elle était tombée par exemple. Par ailleurs, Cindy récupère une culotte de rechange, encore tâchée bien que nettoyée. Cette culotte sera une pièce à conviction remise à la police.

Lorsque Cindy rencontre la responsable du service scolaire, celle-ci se sent « outragée » : « c’est la première fois que l’on met ce centre de loisirs en cause ». Malgré le compte-rendu médical, il lui est opposé qu’elle n’a pas de preuves.

Cindy lors de son dépôt de plainte ne semble pas avoir affaire à un agent compétent et rechigne à qualifier l’atteinte subie par Lilah d’agression sexuelle. Pire encore, il va chercher à la décourager de déposer plainte et minimise les faits.

Quand on apprend ensuite que deux autres agressions du même type ont été déclarées dans ce centre, 4 jours auparavant, et en décembre 2023 est-il encore possible de douter de la complicité, du centre de loisirs, de la justice, de la police et de la mairie ?

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Pourtant, dans un média de grand chemin, la mairie déclare avoir eu connaissance des faits et pris un arrêté de suspension de l’agent concerné, celui-là même qui accueillit Lilah ce jour là, alors qu’elle arrivait plus tardivement.

Une journaliste, ayant enquêté sur place, rencontrera relèvera une femme brune avec un piercing au sourcil qui semble la « surveiller ». Elle la croisera de nouveau à la mairie de Châtenay Malabry et apprendra qu’elle est employée au service de la petite enfance ! Elle refusera de faire le moindre commentaire sur les deux affaires et de répondre à la question : « des mesures ont-elles été prises après que vous aient été déclarées deux agressions en 4 jours ? ».

Cindy n’a pu déposer plainte que contre X alors même qu’elle connaît l’identité de l’agresseur. Sa fille le croisant dans la rue s’est arrêtée net et est restée figée. Lorsqu’elle le verra de nouveau, Cindy fuira avec sa fille pour ne pas lui infliger un traumatisme supplémentaire.

Cindy s’est sentie la responsabilité d’informer les autres parents qui déposent leurs enfants dans ce centre de loisirs mais ils se « rassurent » tous à l’idée que la mairie ne pourrait que les prévenir s’il se passait quelque chose . On connaît le déni face à l’horreur, mais pour Cindy, le vivre dans le réel est violent. Lorsqu’elle croisera une animatrice un mois plus tard elle apprendra que rien n’a changé dans ce centre, aucune mesure de protection supplémentaire n’aura été prise malgré les trois agressions.

L’autre petite fille victime d’une agression quelques jours plus tôt et concernant laquelle le corps médical a confirmé qu’il y avait bien eu pénétration, est traumatisée et se déshabille dès qu’elle voit un homme ! 

Toutes les victimes de ces trois viols ainsi que leurs mères vivent le choc post-traumatique chacune à leur manière et bien comme elles le peuvent et essayent de se réparer, d'oublier, de survivre à cette monstruosité à laquelle se rajoute le déni de justice, qui, comme on le sait, ne fait qu'aggraver les blessures des victimes.

« Il est fréquent d'entendre le conseil de l'oubli de ce qui s'est passé. En psychopathologie, le seul oubli possible d'agressions aussi graves consiste dans le refoulement, c'est à dire que le psychisme de la personne va "mettre le couvercle" sur une marmite bouillonnante de traumatisme qui ne demandera qu'à exploser à la première occasion »  « La reconnaissance de l'acte par l'auteur est primordiale pour la victime. Le soutien social et l'accompagnement judiciaire participent, à ce titre, du soin et peuvent aggraver l'état de la victime s'ils ne sont pas faits correctement » Ariane Bilheran et Amandine Lafargue, Psychopathologie de la pédophilie (p. 188, p. 230)

Cindy a décidé de médiatiser afin de contraindre le centre de loisirs, la mairie et la police de prendre leurs responsabilités et faire leur devoir : prendre des mesures afin de protéger les enfants, reconnaître Lilah comme victime d’un prédateur pédophile et activer la Justice.

La réaction fut immédiate ou presque : la mairie signale Cindy à l’ASE, les médecins de l’hôpital tentent, à plusieurs, de convaincre Cindy que Lilah s’est blessée toute seule. C’est la raison pour laquelle Cindy n’y retournera pas pour les soins tout de suite. C’est ce qui va lui être reproché. Enfin, les familles qui la soutenaient au départ se sont désistées.

Lilah va mieux, elle est suivie par un spécialiste. Lilah avait d'abord extériorisé le traumatisme en retournant la violence contre elle-même, elle se griffait le corps et s’arrachait la peau. Sa maman a dû l’accompagner aux toilettes pendant quelques temps, elle ne voulait plus y aller seule. Plusieurs mois après les faits, Lilah a des réactions exacerbées, disproportionnées, elle n'est plus la petite Lilah d'avant le 14 février 2024. Son corps témoigne aussi de ce traumatisme ; elle a soudainement 5 caries qui apparaissent. 

« Le caractère transgressif, totalement imprévu, incongru, inconcevable, incompréhensible, terrorisant d'une agression sexuelle pour un adulte et a fortiori pour un enfant venant de la part d'un adulte censé être un exemple et le protéger génère un état de sidération psychique et une forte réaction émotionnelle. L'enfant transgressé se sent atomisé psychiquement. Il a le sentiment d'avoir été détruit, pulvérisé, volé. » Ariane Bilheran et Amandine Lafargue, Psychopathologie de la pédophilie (p. 104, p. 105)

L’enquête réalisée par les inspecteurs refuse d’envisager autre chose qu’une blessure accidentelle. Le maire de Châtenay-Malabry, Carl Segaud, se voulant rassurant, a confirmé dans un communiqué de presse que : « Cet agent a été déplacé, la plainte a été classée sans suite ».

La plainte de l’autre enfant ayant déclaré les mêmes sévices 4 jours avant Lilah est également classée sans suite.  

Vous pouvez soutenir Cindy et sa fille en l'aidant à financer sa procédure en justice ainsi que les honoraires du pédopsychiatre pour sa fille. https://www.papayoux.com/fr/cagnotte/appel-a-l-aide-pour-une-enfant-de-3-ans-1 

 


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