18 juillet 2023
Reportage

Exuvie, la maison d'édition de Fabien Moine fête ses 4 ans

La maison d'édition Exuvie, fondée par Fabien Moine invitait les lecteurs et les auteurs le 15 juillet 2023 dans le Jura. Un accueil à l'Abbaye Notre Dame d'Acey, pour un partage de conférences, tables rondes, projections et rencontres. Les Dépêches Citoyennes s'y sont rendues et partagent avec vous cette longue journée riche de 21 évènements. Nous y avons rencontré et écouté : Fabien Moine, Louis Fouché, Emmanuelle Darles, Vincent Pavan, Mehdi Belhaj Kacem, Roxane Chafei, Isaure Lamoureux, Marie-Laure Decreuse, Patrick Shan, Sonia Delahaigue, Martine Gardénal, Aurélie Colin, Jean-Pierre Aoun, Julie Lam, Christine Jeanmasson, Line Cabot et Lison Brugnon. Ces personnalités ont partagé leur savoir dans des domaines variés : philosophie, médecine chinoise, acupunture, médecine intégrative, hygiénisme, homéopathie, naturopathie, jeûne, psychologie, et leur combat respectif notamment pour la protection des enfants.

 

De nombreux participants sont arrivés vers 8h, souriants et heureux de participer à cette journée. Nous serons 400 au total, Fabien Moine ayant décidé de limiter le nombre afin de favoriser la convivialité et les rencontres. Le temps était nuageux, préservant de la grosse chaleur tandis que le vent faisait office de climatisation naturelle.

 

Fabien Moine et Louis Fouché ont entamé la journée. Fabien Moine a informé les participants que tous les évènements seront filmés afin d'assurer à chacun, à la rentrée, un accès à l'intégralité des contenus. En effet, certains évènements ayant lieu simultanément, il ne voulait pas générer de frustrations. Il n'a donné les sujets aux intervenants qu'en dernière minute afin de privilégier la spontanéité de leur prise de parole, pour qu'elles s'éloignent du cours magistral. Il est revenu sur ses expériences de vie, ses rencontres, comme avec Désiré Mérien, qui l'ont amené à créer sa maison d'édition afin de pouvoir agir pour la transmission du savoir. Il souhaite également retrouver de la porosité entre un milieu et les autres, ce qui est tellement plus riche que la segmentation et la séparation. C'est pourquoi cette journée mêle des sujets variés. Ainsi qu'il l'écrivait dans la préface qu'il a faite du livre Colaricocovirus de Mehdi Belhaj Kacem, il exhorte à la pluridisciplinarité.

Louis Fouché s'interroge sur la manière de faire société et de cultiver sa santé dans le processus de destruction sociétale dans lequel nous sommes. Un deuil est à faire concernant ce mouvement inexorable qui nous mène à un monde-machines où se perdent les savoir-faire et être. Il parle du « refrain » comme vecteur de santé et de guérison, comme ces « songlines », ces psalmodies qui se répètent dans les tribus aborigènes permettant la mémorisation de la cartographie pour retrouver le chemin de son chez-soi. Il évoque la peur des oligarques à l'origine de leur volonté d'établir le monde de demain dans lequel nous ne serons plus qu'une variable. Nous allons devoir faire société autrement et rechercher les vieux savoirs. Louis Fouché décrit cette période comme une phase transitionnelle, chaotique entre deux cycles civilisationnels. Plus la crise est grande, plus la transition est difficile et longue mais c'est aussi un intense déploiement ; « tout devient possible », c'est l'ère des héros. Il rappelle les ordres monastiques où régnaient sobriété, prières, partage du savoir avec les moines copistes qui sauvegardaient ainsi les savoirs et enfin l'hospitalité offerte sans rien demander en retour qui faisait de ces lieux d'accueil des espaces sécurisés au sein du chaos.

Fabien Moine attire notre attention sur le fait que pour faire société, nous avons besoin d'une contenance ; géographique ou légale. Or, cela reste flou aujourd'hui. Où est la frontière du département de la région, nous sommes dans une vaste région, l'Europe. Il en va de même avec nos lois qui sont supplantées par les lois européennes. Il qualifie notre société de paranoïaque au sens où l'on doit tout savoir de l'individu tandis que les individus ne doivent plus rien savoir du fonctionnement de la société (par exemple les contrats passés qui ne sont pas accessibles). Il rappelle que la transmission du savoir est sacrée et doit se mériter, en témoignant sagesse et maturité. C'est un mode de protection instauré par les sociétés qui perdurent. Nous avons besoin d'humilité en nous rappelant que certaines constructions millénaires restent un mystère à ce jour. Ainsi la science doit-elle être au service de l'Art de la médecine. Il attire notre attention sur cette notion d'usure, des machines ou des hommes qui guident la société de consommation. Enfin, il parle du transhumanisme qui coupe l'humain de sa nature profonde et de son savoir très puissant.

Louis Fouché évoque ce peuple du Dakota, petit à petit exproprié de sa langue, sa culture, son territoire. Nous vivons la même chose. Il cite Mehdi Belhaj Kacem qui, dans son ouvrage Le Système du pléonectique, expose cette prédation de l'homme. Louis Fouché fait l'apologie de la lenteur et de l'intime dans ce monde où tout va trop vite et qui s'immisce toujours un peu plus dans la vie privée. Il qualifie de panoptique, ce système de surveillance qui permet au gardien de voir tout ce qui se passe à tout instant.

Tous deux prône le retour au « village », chacun se connaît ; on y a des secrets, des guérisseurs, de l'entraide, du partage et une certaine intimité.

Emmanuelle Darles, Sonia Delahaigue et Roxane Chafei animent la conférence suivante sur le thème « Prendre soin des enfants ».

Le ton est donné pour la rentrée avec cette campagne de vaccination HPV (papillomavirus). Emmanuelle rappelle le rapport remis par le Conseil de l'enfance. Ce rapport n'évoque pas le confinement, les manques de moyens à l'école comme cause du mal être des enfants. Les mesures sont prises sans tenir aucun compte de l'avis des parents. C'est une dérive totalitaire dénoncée par Ariane Bilheran, Vincent Pavan et de nombreux autres professionnels de santé. Que peut-on y faire ? Partager les émission du CSI autant que possible. Elles ont une crédibilité scientifique et peuvent convaincre. Parler à ses enfants, en adaptant le langage à leur âge et leur vocabulaire. « La jeunesse ne croit plus en rien, n'a plus d'espoir et plus de valeurs. Nous devons leur redonner confiance espoir et foi. ». Emmanuelle Darles nous incite à ne plus « nourrir le monstre » dans les jeux de manipulation, d'influences, de perversion et à dénoncer et parler tout en revenant au monde réel et à l'amour de nos enfants.

Roxane Chafei parle d'une jeunesse sans espoir et des effets de la maltraitance : « le Covid a cassé la dynamique du bonheur » et créé de la division en limitant les avis à pour ou contre alors que toute la richesse vient des nuances. Elle prône l'union, la réconciliation et a participé à l'organisation d'un festival pour se rallier dans la joie. Elle cite Yoanna Micoud, qui expliquait que la crise a rouvert des blessures et nous a fait basculer dans la peur. Pour protéger nos enfants nous devons en premier lieu aller bien nous-même. Roxane Chafei nous invite à développer notre esprit critique et à nous méfier de ce retour prôné à une éducation traditionnelle exigeant une obéissance absolue. Il convient de maintenir notre intelligence dans le questionnement et le doute et revendiquer ce droit.

Sonia Delahaigue nous rappelle au souvenir de ce 17 mars 202. nous avons tous vécu la même chose mais pas de la même manière, mais nous avons tous eu la peur en commun. Nous avons été enfermés dans une scène traumatique. Nos 6 peurs fondamentales sont : la pauvreté - la mort - le vieillissement - la maladie/le handicap - la critique - la perte de l'objet d'amour. Elle conseille de se questionner afin d'identifier la peur qui nous gagne et de cultiver le ressourcement dans la nature et en famille.

Vincent Pavan et Carole Fouché : quelle place pour la science aujourd'hui ?

Vincent Pavan explique que Carole Fouché travaille la programmation du CSI avec pour exigence la rigueur scientifique et l'éthique de la parole. Carole Fouché va citer plusieurs publications de grandes revues médicales attestant depuis bien avant le Covid que l'on ne peut plus avoir confiance en un grand nombre de publications. Elle explique que le nombre de publications fait la notoriété, la crédibilité d'un chercheur cependant que l'industrie finance en masse des études pour démontrer le contraire et noie ainsi la « vérité » en rendant très difficile les méta-analyses. Elle donne pour exemple les études réalisées sur la nocivité du tabac. La vérité fait surface plusieurs décennies plus tard. Elle rappelle que les chercheurs sont soumis à la pression de leurs pairs et au financement alloués. Elle déplore la censure de ces dernières années concernant toute publication qui n'allait pas dans le sens de la doxa. Elle rappelle que le consensus ne peut en aucun cas être de la science ! puisque celle-ci est en constante évolution. Tout modèle n'est valable qu'à un moment donné, la science s'approche de la vérité sans jamais la toucher.

Vincent Pavan cite Robert Proctor : « le doute est notre produit ». Ils utilisent le doute et l'exagère, c'est la stratégie du doute infini. C'est une forme de déliquescence de la pensée contemporaine. Ils ne cherchent pas la vérité pour la vérité, leur but est mercantile. Il rappelle la thèse de Mehdi Belhaj Kacem : « la science structure l'anthropologie » ; le positivisme a tué la philosophie car la seule réponse attendue doit être donnée par la science alors que celle-ci ne peut répondre à tout ; c'est presque plus dangereux que la corruption, car cette pensée vide les questions de leurs sens.

Carole Fouché confirme que si la science devient une croyance, elle ne diffère plus de la religion. L'humanité peut être guidée par la science mais la science ne doit pas avoir de but. La science comme nouvelle religion nous mène au transhumanisme.

Vincent Pavan confirme que le transhumanisme fait une confusion de la nature avec la technologie. Cette dernière deviendra l'horizon unique, l'homme sera dépassé, elle expropriera l'homme de ce qu'il est, de son langage. les machines imiteront le langage humain mais l'humain ne pourra comprendre le leur. Il cite Georgio Agamben qui parle de discours apophantique (qui montre, déclare, affirme). La formule mathématique devient magique (les modélisations par exemple), elle nous perd et on peut lui faire dire à peut près n'importe quoi. In fine, seule la parole de la machine sera acceptée.

Carole Fouché confirme que l'on sait depuis longtemps que les virus ont des courbes de propagation exponentielles, cependant si on veut pouvoir prédire depuis longtemps, on ne le peut pas. Toute prédiction est impossible en science. La science est instrumentalisée au profit des dérives totalitaires et ne saurait être assénée car tout chercheur sait bien qu'il doit en permanence remettre en question ses résultats.

Vincent Pavan rappelle les analyses d'Hannah Arendt concernant le nazisme et le stalinisme. Dieu est à l'origine des religions mais dans un système totalitaire, c'est la science qui fait office de loi. Les systèmes totalitaires visent la destruction des religions. Sous le prétexte du darwinisme et de la loi de la jungle, on est autorisé à tuer ceux jugés malades, dégénérés, etc.. Une société dirigée par la science devient inéluctablement une société totalitaire.

Carole Fouché rappelle que la science et la médecine sont deux choses différentes. La médecine est l'art de prendre soin, plus prétentieusement parlant l'art de guérir. Il ne peut y avoir de règles générales car chaque cas est particulier. Le totalitarisme remplace le bien par le vrai alors que le serment d'Hippocrate est « primum non nocere » (d'abord ne pas nuire).

 

Vincent Pavan et Mehdi Belhaj Kacem : la philosophie au secours de la folie ambiante

Vincent Pavan et Mehdi Belhaj Kacem reviennent juste d'un congrès sur la philosophie à Lausanne. Mehdi Belhaj Kacem confirme qu'il va quitter la France. Il ironise sur le fait qu'il est train d'écrire un livre sur la folie et doit quitter notre pays qui y est plongé pour pouvoir écrire.

Vincent Pavan parle d'Alain Badiou, véritable temple de la philosophie et maoïste qui a cherché à faire des mathématiser la politique en passant par la théorie des ensembles. Il se perd dans son discours et cela devient une véritable folie. La prétention à tout gérer par un discours scientifique est une folie bien pire que celle des soviétiques en leur temps. C'est une perte totale du bon sens.

Mehdi Belhaj Kacem confirme que paradoxalement Alain Badiou prétend à la rationalité, c'est de la pure psychiatrie, c'est-à-dire science de la folie.

Patrick Shan et Marie-Laure Decreuse : à la découverte de la médecine chinoise

Patrick Shan  et Marie Laure Decreuse vont tenir la conférence comme un échange avec des rebonds de parole de l'un à l'autre.

La médecine chinoise existe depuis 5000 ans et a traité des milliards d'individus. Des formules de pharmacopée d'il y a trois siècles sont encore utilisées. Si la médecine chinoise est demandée en France, c'est qu'il y a besoin d'une autre approche de la santé. Ils rappellent la nécessité de l'humilité et du respect, les médecines chinoises et occidentales sont complémentaires. Il convient d'avoir une vision globale de l'individu dans son environnement, avec son corps, son cœur, son esprit. Soigner sur la base de protocoles est un non-sens. Le traitement visant à faire taire le symptôme ne fait que nier l'expression du corps sans tenir compte du déséquilibre et de l'expression de la maladie. Il est important de regarder le malade et de se souvenir d'Hippocrate : « la maladie n'est pas plus importante que le malade ». Les traitements sont souvent des « anti » quelque chose... mais pas des « pro ». Chaque individu est différent et doit être considéré. Par ailleurs, il rappelle que se soigner quand on est malade revient à attendre d'avoir soif pour commencer à creuser un puits. La médecine est aussi la compréhension de l'influence des émotions, la puissance de l'écoute, des aiguilles d'acupuncture qui libèrent ces émotions qui stagnent dans le corps. Une émotion c'est de l'énergie qui influe sur la physiologie. La colère met des pressions, la peur circule vers le bas tandis que la joie monte. Il donne l'exemple du psoriasis, qui est psychologique dans 80% des cas qu'il rencontre.

La médecine chinoise est une médecine de prévention qui travaille en repérant les saisons, les dysfonctionnements qui mènent à la maladie. Le traitement est différent selon que la maladie touche, comme sur un arbre, juste la pomme ou le pommier. Si toutes les pommes sont touchées, c'est alors de l'épidémiologie. Ils parlent d'ethno-médecine, d'éco-médecine. La notion de Ciel et de Terre en médecine chinoise, on ne peut comprendre l'humain sans comprendre la nature, il y a le Tao du Ciel, le Tao de la Terre et au milieu, l'humanité. Ignorer ces notions mène au désastre. C'est une médecine humaniste et naturaliste.

La médecine chinoise a traversé les siècles car elle n'est pas inféodée aux technologies. La liberté vient de la non-dépendance à la technologie, on peut soigner sans électricité. Il évoque le projet d'une roulotte itinérante qui proposerait du soin.

Elle revient sur ses études de médecine où elle a réalisé qu'elle revoyait les patients pour la même problématique, ce qui l'a incitée à chercher autre chose. Après un don du sang elle s'est retrouvée épuisée et a été remise sur pied grâce à l'acupuncture. Elle a découvert cette médecine humaniste, en lien avec l'univers, exprimée en Yin et Yang, ce tchi universel qui parcourt les méridiens, les organes, les viscères, les tissus et l'esprit. Elle invite à renforcer son énergie vitale et respecter son propre rythme. Elle se sent nourrie par cette médecine dont la pratique l'épanouie car elle doit s'arrêter, observer et chercher à équilibrer, harmoniser.

Elle explique comment elle utilise ce schéma pour expliquer la circulation des énergies. Comment un mauvais fonctionnement du foie peut influer sur le cœur, comment la fatigue ou la peur influe sur les reins...

Mehdi Belhaj Kacem, Vincent Pavan, Emmanuelle Darles : réfléchir [sur] le monde, une futilité ?

La futilité n'est pas, au sens philosophique, bien méchante. Vincent Pavan indique que la réflexion paraît un peu vaine aujourd'hui, il n'y a pas de réponse immédiate. Il cite le Système du pléonectique de Mehdi Belhaj Kacem, qui est une manière de penser le monde. La réflexion est sérieuse et vitale mais il faut savoir comment distinguer une philosophie constructive d'un discours futile. Il cite Georgio Agamben et Hannah Arendt pour souligner que leurs réflexions sont vitales tandis que la culture de la futilité doit être dénoncée.

Emmanuelle Darles rebondit sur la superficialité de la pensée dans la science qui est cultivée aujourd'hui, comme on peut le voir à la télévision. Elle dénonce la compétition dans la course des chercheurs à qui aura le plus gros index. Cela nous éloigne de nos besoins, de nos valeurs. Que voulons-nous pour nous ? Pour nos enfants ? Qu'avons-nous envie de leur transmettre ? Quelle intention se cache derrière la suppression de la morale, de la liberté de la foi ? Veut-on être enfermés ou libres ?

Vincent Pavan dénonce cette énergie investie dans la mise en scène, le monde futile, par exemple, de la téléréalité. Il nous est interdit de penser autre chose que la futilité. La philosophie est importante pour repenser le monde sérieusement. La philosophie à la télévision est sans substance. Nous devons penser le monde pour éviter le non-sens. La religion est la réponse essentielle à la vie et l'amour une valeur fondamentale.

Mehdi Belhaj Kacem souligne le manque d'amour dans les grandes familles de philosophes. Le livre d'Emmanuelle Darles l'a bouleversé en ce sens. Il raconte l'histoire de Pasolini, chrétien, communiste et homosexuel, qui a été assassiné alors qu'il s'apprêtait à faire des révélations et avait quitté le parti communiste parce celui-ci avait approuvé le divorce. Pour lui, la famille était le dernier rempart contre le capitalisme.

Emmanuelle Darles parle d'une crise de l'Amour. On ne parvient plus à accepter l'autre dans la différence. Dans notre société, on a perdu la profondeur des sentiments, du respect, de la notion de transmission à nos enfants, on a perdu le sacré qui faisait une barrière. L'enfant n'est plus sacré, il a été maltraité.

Vincent Pavan indique que nos pensées n'ont pas toujours à être utiles : penser le monde, ce peut être prendre le temps, cesser l'action productive pour regarder sans essayer de comprendre. La danse par exemple n'a pas de fin en soi. Il revient sur la civilisation des visages d'Emmanuel Levinas (voir ici) et se demande comment il aurait pensé le port d'un masque, ces affiches de visages sans yeux, sans expression. Il revendique le droit d'exister en dehors de tout utilitarisme.

Mehdi Belhaj Kacem atteste que notre société nous a mené au manque d'Amour. La société est devenue la plus intolérante au nom même de la tolérance. Nous sommes dans une religion sans dieu, la gauche européenne a été phagocytée par la CIA et la cancel culture est pire que ce que faisaient les nazis. Nous sommes dans la culture de l'inculture, cela rejoint la folie. « Je dois partir, ce n'est plus possible », dit-il. Tout est corrompu y compris le christianisme, c'est la perversion de l'universalisme. L'Europe est devenu une colonie des USA. Nous vivons ce qu'ont vécu les pays de l'Est avec l'effondrement du mur de Berlin en 1989.

Vincent Pavan parle du récit presque subliminal, du transhumanisme vanté par Disney.

Emmanuelle Darles parle du rêve américain vendu en Europe, la crise a cultivé l'incohérence et nous mène à la folie et au malheur. Quand on perd ses repères, on devient fou. Nombreux sont ceux qui n'ont plus de place, comme les soignants suspendus, nombreux sont ceux qui ne veulent plus exercer la profession qu'ils aimaient, comme les enseignants car leur profession se délite sous l'action du gouvernement. Le peuple ne fait pas partie ni de leur échelle ni de leurs priorités. Elle ne croit pas qu'il y aura un réveil et envisage de créer un nouveau système.

Mehdi Belhaj Kacem confirme que les conspirationnistes sont les dissidents de l'Ouest et c'est une bonne nouvelle qu'ils soient nombreux. Pourquoi l'inflation ne touche-t-elle que l'Occident ? Il invite à lire le Manifeste Conspirationniste aux éditions du Seuil, publié en janvier 2022.

Patrick Shan, Marie-Laure Decreuse et Julie Lam : la symbolique de la maladie en médecine chinoise et autres

Un symbole représente un concept ou une image. La maladie existe-t-elle en médecine chinoise ? On parle de déséquilibre entre le Yin et le Yang qui se manifeste à certains endroits du corps. La maladie est concrète sur le malade. Dans l'origine latine, le symbole est un signe de reconnaissance. Il y a aussi en médecine la science des signes. Pour Patrick Shan les signes ne sont pas des symboles mais du signifiant dans le sens de la causalité entre le signe et la cause. Marie-Laure Decreuse précise qu'en médecine chinoise on ne met pas un nom sur une maladie mais on évalue tout le syndrome. L'analogie de la médecine chinoise repose sur le taoïsme.

Comment le patient est-il consulté en médecine chinoise ? L'occidental ne consulte pas s'il n'est pas malade. En médecine chinoise, on est consulté quand la médecine allopathique ne répond plus, quand un patient souhaite de l'aide par rapport à un traitement ou qu'il refuse la médecine traditionnelle. La médecine chinoise se veut préventive. Elle anticipe sur les maladies hivernales, les allergies printanières. La prévention agit plus efficacement. La vocation de cette médecine est de préserver la vie. Patrick Shan confirme que 30% des patients viennent pour des causes iatrogènes (maladie causée par une médicament).

Comment accompagnez-vous les patients dans les excès de Yang ? (Saturation du foie, des reins). Beaucoup de personnes ne sont pas en fait trop Yang mais en manque de Yin. La fatigue, le manque d'écoute de son besoin de repos. Le Yin sous-entend tout ce qui est matériel - le corps, les organes, le liquide les tissus ayant besoin d'être régénérés. Le Yang est tout ce qui est énergie, invisible, fonctionnel. Tout ce qui est dynamique, psychique. On doit avoir un rapport entre les deux (on image en disant la rapport poids/puissance). Les reins par exemple se ressourcent en hiver alors que l'on privilégie le repos en été pendant les vacances. Le repos hivernal est important.

Qu'utilise comme outils la médecine chinoise ? Tout comme en médecine traditionnelle, on observe le pouls, le teint, la chaleur dégagée par le corps, on interroge le patient sur ses sensations, sa digestion, sa transpiration, on observe la langue. Le diagnostic est sensoriel. On utilise nos sens et le bon sens, on écoute le son de la voix. Cette médecine a traversé les siècles, il faut conserver cette « lecture » du patient. Contrairement aux examens de la médecine traditionnelle on ne pas voir ce qui ne dysfonctionne pas dès lors que le patient ne se sent pas gêner.

Quels sont vos outils thérapeutiques ? Marie-Laure Decreuse utilise beaucoup l'acupuncture. Elle donne beaucoup de conseils et utilise moins la pharmacopée chinoise, préférant les plantes de nos régions. Elle utilise beaucoup l'écoute. Patrick Shan confirme qu'il y a 4 grandes branches permettant d'agir sur la personne. L'acupuncture, très importante remonte au paléolithique, le massage, l'immobilisation, les emplâtres, les saignées, les ventouses. La pharmacopée chinoise est importante, les plantes sont plus connues en Chine alors on hésite parfois à les remplacer par des plantes de chez nous. C'est tout un travail avec des botanistes pour utiliser nos plantes. L'écoute est très importante, c'est la médecine du cœur. Il y a  aussi le Qi gong, qui a un effet thérapeutique.

Que vous apporte la médecine chinoise en tant qu'être et en temps que thérapeute ? Marie-Laure Decreuse : « Cela rejoint mes idées de spiritualité, nous sommes reliés au Ciel et à la Terre, j'aime cette dimension. Le lien, la compréhension de la physiopathologie. Cette médecine nourrit.» Patrick Shan : «au départ je ne souhaitais pas faire de la médecine chinoise. Pour moi c'est ma médecine d'Hippocrate. C'est une philosophie, un regard sur le monde, nous appartenons à la vie. ». Julie Lam témoigne de sa vocation de médecin et de sa déception de la médecine technologique qui l'a fait se tourner vers une médecine vivante à l'écoute du patient.

Nous avons tous des fragilités. Il convient de les repérer pour agir en amont. La médecine chinoise regarde la typologie de la personne avant la pathologie. beaucoup de gens prennent leur penchant pour un instinct alors qu'il faut traiter le Yin par le Yang et réciproquement. Le Yi king est un livre qui traite de la genèse et donne une explication de la formation du monde ; c'est de la physique quantique. C'est de la symbolique qui dépasse le cadre médical à proprement parler. La médecine chinoise nous amène à prendre soin de nous, à nous émerveiller de la poésie qui est en nous, à nous relier à la nature et donner du sens à nos organes reliés aux saisons et à la nature.

Fabien Moine, Isaure Lamoureux, Marie-Laure Decreuse : jeûne et nutrition instinctive

Isaure Lamoureux, médecin homéopathe a découvert le jeûne dans le documentaire d'Arte. Fabien Moine a découvert le jeûne et l'hygiénisme avec Désiré Mérien. Il anime des stages de jeûnes. Fabien Moine a beaucoup échangé avec Isaure Lamoureux.

Comment jeûner ? Quid des carences ? Fabien Moine indique que l'on entend beaucoup de choses sur le jeûne. Il y a des limites selon les personnes : toutes les pathologies de certains organes, les personnes en grande toxémie,.. il est important d'être accompagné et parfois de passer par des cures de revitalisation pour restaurer la fonction des organes participant à l'élimination. Isaure Lamoureux confirme ces difficultés par rapport à la pollution, au stress. l'accompagnement est nécessaire pour un jeûne intéressant et sécurisé.

Pourquoi un jeûne ? Comment s'y prépare-t-on ? Qu'est ce qu'un jeûne réussi ? Isaure Lamoureux indique que la question est très vaste. L'intention posée pour le jeûne est intéressante. La préparation dépend de l'intention, elle est globale, c'est une prise en charge totale, physique et spirituelle. On ne choisit pas pour le jeûne ce que l'on veut guérir, on doit lâcher le mental. La volonté égotique est réductrice. Le jeûne lorsqu'il est non interventionniste va libérer l'énergie du corps qui va faire le nécessaire. Fabien Moine confirme que l'envie et le besoin de jeûner dans une période de repos pour laisser au corps l'énergie est nécessaire à la régénération. Pourquoi veut-on jeûner ? Si je consomme du jeûne comme un autre produit de consommation cela ne fonctionnera pas. Il évoque l'importance de la disposition d'esprit pour le jeûne. Le mental contrôle tout et on doit être au clair pour les raisons de faire le jeûne. On parle peu des échecs, par honte. Tous les jeûnes n'aboutissent pas et c'est normal. Isaure Lamoureux répond à la question : « qu'est-ce qu'un jeûne réussi ? ». Tout d'abord, le jeûne est une relation à soi, c'est apprendre à se connaître ; on va vivre quelque chose d'exceptionnel dans son corps. Il convient de faire la différence entre ses besoins et ses besoins pour se relier à son instinct, son intuition. Il faut trouver une pratique pour se relier à son instinct. Toutes les pratiques psycho-corporelles, Qi gong, maitrise respiratoire, sophrologie, permettent de retrouver son intuition. Le retrait du sucre rapide nous permet aussi de reprendre conscience de nous.

Le jeûne permet-il un réinitialisation pour entamer ensuite une alimentation instinctive ? Pour Isaure Lamoureux, tout dépend de l'intention et de l'investissement. Si l'on jeûne en restant dans son quotidien, le stress ce n'est pas sûr. Le jeûne est important mais tout ce qui est fait autour est très important. Rien que le fait de prendre du temps pour soi et de s'extraire du quotidien est important ; c'est vraiment la globalité de la démarche qui soutient la force vitale. Le jeûne ne guérit pas mais permet à la force vitale de réparer.

Fabien Moine revient sur l'instinct maternel par exemple pour préserver son enfant. Cet instinct est perdu de manière globale dans le domaine de la survie alimentaire. Un animal jeûne naturellement quand il est malade ; il se met en retrait du groupe et laisse faire son énergie. Les animaux n'ont pas de diplômes mais ils se fient à leur instinct. Un enfant fait de même. Cette intelligence instinctive est extraordinaire. La nourriture est devenu un anesthésiant, un palliatif, un équilibrage émotionnel et dès lors, contacter son instinct est difficile. Se mettre en retrait de nourriture de contact permet une sorte de réinitialisation. Beaucoup de choses très variables se passent pendant le jeûne, émotionnelles, physiologiques. Le corps est un outil extraordinaire. La plupart des carences se régulent pendant le jeûne (les travaux du Docteur Edouard Bertholet ). Le nettoyage par le jeûne permet, hors anomalie génétique, de résoudre les carences par amélioration de l'assimilation. Le repos est une solution que nous devons redécouvrir. C'est une sagesse de l'instinct. Il n'y a pas de vérité dans le jeûne. Il faut l'écoute et l'expertise d'un accompagnateur bien formé.

Isaure Lamoureux recommande l'arrêt de produits sucrés avant le jeûne qui nous coupe de l'écoute à notre corps. La préparation alimentaire est importante et le jeûne vient naturellement. La reprise doit aussi retarder la reprise de sucres. De même, il convient de chercher à ressentir dans la reprise alimentaire. L'intuition doit être ressentie et passe par des canaux différents selon les individus. Dans un monde d'injonctions, il est important de savoir que personne d'autre que nous ne sait ce qui est bon pour nous.

Fabien Moine évoque le documentaire Le jeûne, à la croisée des chemins qui nous ramène à l'humilité de reconnaissance de nos besoins profonds que l'on trouve dans le travail spirituel, dans l'art, la danse ; tout ce qui fait vibrer le sacré en nous. Le jeûne est une voie de compréhension du rythme du vivant, à travers un seuil, un passage, une écoute une délicatesse et une bienveillance envers soi.

Julie Lam, Isaure Lamoureux, Jean-Pierre Aoun : les chemins de santé par le prisme de l'homéopathie

Jean-Pierre Aoun n'est pas médecin ni homéopathe. Il a réalisé un documentaire La science de l'homéopathie, qui sera projeté dans la journée. Il a écrit un livre Science, homéopathie et physique de la dilution qui paraîtra chez Exuvie en septembre. Il a une formation d'ingénieur et est en 4ème année d'études de médecine.

Quels sont les fondamentaux de l'homéopathie ? Julie Lam, médecin généraliste et homéopathe, indique que l'homéopathie date d'Hippocrate. Au XVIIIe siècle, Samuel Hahnemann fait faire un bond à l'homéopathie. Isaure Lamoureux, médecin généraliste et homéopathe, parle des trois principes : la similitude, la totalité, l'infinitésimal.

La similitude, dans le choix du remède on choisit une substance (animale, minérale, végétale) qui produit des effets : « les semblables sont guéris par les semblables ».

La totalité : ce n'est pas une somme de symptômes de cette substance qui va coïncider à la somme des symptômes de la personne, c'est la totalité. C'est comme une musique, vous n'entendez pas chaque instrument mais l'ensemble qui est plus que l'addition de chacun. C'est une totalité physique, psychique essentielle pour faire coïncider un remède à une maladie.

L'infinitésimal : en libérant la toxicité, il a découvert la loi d'infinitésimal et la dynamisation. les remèdes étaient plus efficaces lors des visites, les remèdes avaient été dynamisés par le mouvement du cheval sur lequel il se déplaçait. Toute substance capable de créer des symptômes chez un individu sain est capable de guérir un malade avec les mêmes symptômes. C'est un champs informationnel, on est dans la vibration et des ondes. L'homéopathie est dénuée de toxicité. L'important est de répondre à la totalité de l'expression de l'être.

Julie Lam revient sur son expérience lors de ses études. C'est une médecine du vivant qui relie les corps, les champs émotionnels physiques et psychiques.

Jean-Pierre Aoun revient sur les enseignements d'Hahnemann qui traduisait des livres écrits en plusieurs langues - il en parlait six. Lors de ces traductions, il a découvert la loi des semblables qu'Aristote et Hippocrate ont mise de côté pour préférer la loi des contraires. Notre médecine est basée sur une croyance totalement arbitraire. Il explorera ces notions et en fera des explications énergétiques. Lorsque les atomes ont été découvert, l'énergie a été mise de côté. Avant cela, l'homéopathie était la médecine reconnue et pratiquée.

Aujourd'hui, la controverse se situe sur la notion de placebo. À l'origine c'est la force vitale qui était soignée car en brisure d'harmonie. C'est l'ensemble de l'être qui est étudiée, sa force vitale. La consultation consiste en la recherche de la spécificité de la personne. La posture doit être la plus neutre possible pour ressentir l'énergie de la personne et la transcrire. La personnalité de l'homéopathe s'exprime particulièrement. Le remède correspond aux strates énergétiques que l'homéopathe va tenter de raccorder. La force vitale est sollicitée par le remède. Le corps va s'exprimer et cela va demander une interprétation sur le long terme pour éventuellement ajuster le dosage du remède.

Julie Lam donne des exemples des prescriptions qu'elle fait en fonction de la vie de ses patients. Sa vision du type de patient (animal, végétal, minéral) lui permet de déterminer le traitement adéquat. Lorsque l'on discute avec la patient pour savoir qui il est ce qu'il a vécu... C'est dans ces premières phrases que le remède apparaît, avant que les symptômes ne soient abordés. Elle cite Organon, aphorisme IX  :" « Dans l'état de santé, la force vitale immatérielle qui anime dynamiquement la partie matérielle du corps, exerce un pouvoir illimité. Elle entretient toutes les parties de l'organisme dans une admirable harmonie vitale sous le rapport du sentiment et de l'activité de manière que l'esprit doué de raison qui réside en nous peut se servir librement de cet outil vivant et sain pour atteindre le but le plus noble de son existence. »

Isaure Lamoureux explique le cheminement à travers ces remèdes. L'objectif est d'améliorer les symptômes cependant il faut accepter les lois universelles, on s'améliore de l'intérieur vers l'extérieur, du haut vers le bas, du plus récent au plus ancien. Le soin peut passer par plusieurs choses internes avant d'arriver au symptôme externes. Les symptômes anciens ressurgissent avec la disparition des anciens, c'est parfois difficile à comprendre pour le patient.

Qu'est le cheminement vers la santé ? Homéopathiquement la maladie n'existe pas. Trois niveaux de guérison sont décrits dans l'Organon : 1/ disparition du symptôme ; 2/ disparition des symptômes mais état général reste correct ; 3/ transformation au niveau psychique physique et émotionnel.

 

Plusieurs autres conférences et ateliers se sont tenus. Vous pourrez les retrouver en septembre sur le site d'Exuvie.

Vous retrouverez les entretiens que nous avons eu avec Louis Fouché, Fabien Moine, Emmanuelle Darles et Vincent Pavan ainsi que quelques témoignages recueillis sur place dans la rubrique "nos vidéos.


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