Il y a des livres que l’on parcourt sans vraiment se sentir emmené, il en est d’autres pour lesquels les mots, les pages se changent en un écran sur lequel l’imagination peut projeter ses images. Et puis, il est des livres qui vous accrochent, vous plongent, vous transportent dans un autre monde. Le temps présent est suspendu, l’environnement s’estompe puis s’efface, vous devenez un autre, ailleurs, et votre corps vibre, ressent. La fracture est de cet acabit.

Les descriptions généreuses et colorées que nous offre l’auteur sont des tuteurs qui révèlent la puissance de notre imagination qui s’y déploie avec toute la force et la rapidité de croissance que l’on connaît chez les plantes grimpantes. Les portraits des personnages dépassent largement la photo dans les détails soulignés si précisément et sur lesquels nos yeux ne se seraient peut-être pas arrêtés. Les croquis de la psychologie des personnages leur donnent vie et surprennent en ce que les protagonistes prennent réellement vie pour le lecteur.
Louisa Dimanche n’est ni avare, ni prolixe ; elle dose à la perfection l’hypotypose (figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu’on croit la vivre). Elle vous emporte, vous transporte et, ce faisant, questionne, interpelle, doucement, profondément… elle conduit le lecteur, avec douceur et finesse, à s’interroger sur des valeurs fondamentales, des principes qui sont les piliers de la civilisation et des vertus cardinales. Point d’envolées de théories philosophiques ou de leçons « magistrales », mais une réflexion qui prend racine dans le réel, tout simplement.
Je ne dévoilerai rien de l’intrigue, ni des deux mondes de ce roman, ce serait dommageable, toutefois, soyez assuré qu’elle excelle à la moquerie de ce sombre monde de l’Autorité ce qui ne manque pas de faire sourire le lecteur mais aussi ne rend que plus enchanteur le monde du Wild.
Faites-vous ce cadeau, offrez-vous ce voyage, et revenez-nous avec vos ressentis.
Bien à vous, chers lecteurs.
« Aux dires de l’Autorité elle-même, ce merveilleux système est unanimement plébiscité. Seuls quelques enfants demandent encore naïvement, « pourquoi ? ». On les fait vite taire et oublier ces sornettes. » page 25
« Cette époustouflante beauté nous aide à dépasser notre égo éclaté, pétri de peur, noyé dans la confusion. Retisser le cordon avec le ciel et la Terre, avec les autres formes de vie apporte de l’apaisement, de l’Amour. » page 285
« Si tu regardes tous ces gens avec les yeux du cœur, tu verras qu’ils sont tous beaux, d’une manière ou d’une autre. […] Pourtant sans réfléchir, il émet intérieurement des jugements, untel est ceci, comme s’il ne savait pas faire autrement. Le conditionnement du monde de l’Autorité. » page 391
« Ils savent tout, parce qu’ils ne savent rien. Ils ne savent rien, parce qu’ils savent tout ! […] L’idée est que l’ignorance peut être belle, utile même et le savoir inutile et laid, s’il est détourné. Si on sait qu’on ne sait rien, n’est-ce pas déjà là le savoir le plus éminent ? Cela n’est-il pas préférable à celui qui en sait un peu et croit tout savoir ? Parfois l’ignorance consciente vaut mieux, qu’une connaissance sans conscience. » page 478.

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