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Mea Culpa

Je viens dénoncer ici des agissements manipulateurs tout en présentant mes plus sincères excuses à celles et ceux que j’ai amenés à transposer la confiance qu’ils avaient en moi à des personnes qui ne le méritaient pas. Je ne souhaite pas nommer précisément mais expliciter le mécanisme. Comprendra qui voudra.

Le premier choc, pour moi, fut le constat d’attitudes dénuées de bon sens et de logique,  que je ne parvenais pas à m’expliquer. J’ai fait un pas de côté et me suis longuement questionnée. Les jours suivants furent d’abord un silence en réponse à mes demandes, suivi d’une avalanche de communications incohérentes et d’agissements inexplicables.

Lorsque l’on ne comprend pas, c’est bien souvent que le postulat de base est erroné, il m’a donc fallu le revoir. Je repris l’historique des faits sur les mois passés, durant lesquels j’avais trouvé des excuses à ce qui était pourtant des signaux clairs de dysfonctionnement. Et puis, j’ai lu cet article dAdrien Loubier, « Groupes réducteurs et noyaux dirigeants (1973) Sociologie de la subversion de masse » et la lumière se fit. On retrouve ici les outils de la manipulation qu’avait identifiés Adrien Loubier.

Le premier outil de manipulation de ce collectif est le bouclier « incontestable » de la gouvernance horizontale. Comment contredire les flambeaux de la liberté et de l’égalité ? Comme l’écrit Adrien Loubier, ce type de gouvernance appliquée sans règle et sans discernement a deux conséquences : la réduction et la sélection.

La réduction, parce que pour prendre une décision, encore faut-il avoir les compétences et les connaissances nécessaires. Décider à la majorité, alors même que la majorité n’a pas le savoir  revient, soit :

- à réduire au minimum commun de connaissance des membres*
- à la seule opinion (manière de penser qui n’implique pas la réflexion et l’étude)
- au ralliement à l’opinion d’un autre (cf. la notion de collage qu’explique Ariane Bilheran dans Psychopathologie du totalitarisme).

«D’autant qu’au nom de l’égalité, les opinions du grand nombre
de ceux qui en savent le moins, tendent à l’emporter sur
les avis du petit nombre de ceux qui en savent le plus.
L’effet de masse jouant ainsi, le degré de connaissance moyen
se trouve naturellement nivelé au plus bas. »*

Groupes réducteurs et noyaux dirigeants (1973) Sociologie de la subversion de masse - Adrien Loubier

La sélection, parce que dans ce besoin de faire corps, de se coller, celui qui émet son propre avis plus étayé, soit parce qu’il a plus de connaissances que les autres, soit parce qu’il a étudié son sujet, brise la cohésion du groupe ; il est donc écarté. La pratique de la gouvernance horizontale implique le respect de règles et un apprentissage qui permettent des décisions rapides, efficaces et réellement prises en commun et dont chacun assume la responsabilité.
Sans cela, elle n’est que l’antithèse d’elle-même, une coquille protectrice contre toute remise en question, un noyau dur qui exclut toute pensée différente.
Mais plus grave encore, la gouvernance horizontale peut avoir pour conséquence que chacun puisse, au nom du groupe, faire et dire n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, puisque chacun est libre et égal ou encore, qu’une décision puisse être prise en commun, mais sans que personne n’en assume la responsabilité, puisque prise au nom du groupe.

« Le rêve égalitaire et libéral mènera donc à la dictature
occulte d’une minorité irresponsable. »
Groupes réducteurs et noyaux dirigeants (1973) Sociologie de la subversion de masse - Adrien Loubier

Le deuxième outil de manipulation est le double discours, qui permet à la personne qui dirige dans l’ombre de manipuler. Parce que, ne vous y trompez pas, il y a toujours une personne qui dirige ! Elle aura un discours avec celles ou ceux du groupe dont elle a besoin pour imposer son opinion ou pour venir contredire un membre qui critique ou questionne, voire pour l’attaquer sans se « mouiller » elle-même, tandis qu’elle se positionnera en apparence comme la personne qui veut atténuer les tensions et rassembler. Elle aura donc deux discours contradictoires dont personne ne se rendra compte, tant qu’ils ne seront pas partagés par les uns et les autres.

Le troisième outil de manipulation consiste en l’appropriation du travail d’autrui. La personne dirigeante dans l’ombre saura solliciter une ou plusieurs personnes compétentes pour les faire œuvrer pour le groupe. Comment ?  En chatouillant la corde sensible : la cause !
Il lui suffit de prétendre œuvrer énormément, mais avoir des difficultés à tout faire toute seule (sic). Elle taira le travail, en fait, réalisé par d’autres. Elle en appelle ainsi, chez l’autre, à l’empathie, à la compassion, et même à l’admiration (pour la réalisation d’un tel travail tout seul). Cela lui permet de solliciter plus facilement cet autre et de l’amener à réaliser le travail voulu.

L’argument de la « cause » pourra être repris, lorsque la personne compétente commencera à poser des questions : elle sera incitée à ne pas diviser, à penser à la cause, à penser collectif, groupe et union. Plusieurs sont tombés dans ce piège, dont je n’ai que récemment découvert l’ampleur.

« Derrière le président potiche, rarement on aura discerné les vrais moteurs du
noyau dirigeant, dont l’efficacité repose sur le fait qu’on les ignore. »
Groupes réducteurs et noyaux dirigeants (1973) Sociologie de la subversion de masse - Adrien Loubier 

Le quatrième outil de manipulation est la calomnie. Il est activé lorsque la personne dirigeante risque d’être dévoilée, bien souvent par quelqu’un de sincère et compétent, qui a décelé la fraude. L’arme de la calomnie va alors être utilisée dans deux directions : d’abord au sein du noyau pour discréditer la personne « dangereuse » et lui coller des intentions malsaines, malhonnêtes et insidieuses, puis à l’extérieur du noyau, sournoisement, auprès de ses proches pour se positionner en victime attaquée qui n’a pour seul désir que de défendre une cause louable.

Le cinquième et dernier outil est la menace. Il est brandi quand toutes les autres tentatives ont échoué et correspond, comme toute violence, à l’aveu de la perte d’autorité, d’ascendant et de contrôle. La personne dirigeante révèle alors sa vraie personnalité, sa facette manipulatrice, sa volonté de contrôle et laisse à entrevoir son hubris, but caché, son véritable moteur.

« endurer d'être bafoué ou laisser avec indifférence insulter ses amis,
est le fait d'une âme vile). [...]  l'appréciation favorable que mérite
la disposition moyenne, selon laquelle nous nous mettons en colère
avec les personnes qu'il faut, pour des choses qui en valent la peine,
de la façon qui convient » Éthique à Nicomaque - Aristote

 

Autre expérience : il y a un peu plus d’un an, j’ai déjà pris conscience de la manipulation au sein d’un groupe par un profil que j’avais estimé pervers, narcissique et objectivement manipulateur. Compte tenu de mon estime pour certains membres de ce groupe que je connaissais depuis quelques années, mais également de mon attachement viscéral à la vérité et à la justice, j’avais pris la plume pour dénoncer ces agissements et informer chacun, personnellement, du danger encouru.
Comme dans l’expérience de Milgram, quand une personne se positionne en s’opposant, elle permet au cobaye de reprendre ses esprits. La mise en lumière des agissements du manipulateur, par une dénonciation claire, peut (ce n’est pas garanti) mettre fin à l’aveuglement et lever le voile qu’il a posé et qui obscurcit l’esprit critique et le discernement.

 

En conclusion, l’exposition de cette analyse des faits est destinée à ce petit groupe, mais aussi à tout un chacun. Je souhaite que la lecture de ce texte et de l’article cité supra permettra la compréhension de ce processus de manipulation finalement assez courant de nos jours.

Je n’ai aucun regret quant au travail accompli, car il a servi une cause juste et a permis de réaliser des choses concrètes, grâce au travail et à la patience de professionnelles et de bénévoles profondément intègres et sincèrement dévouées.

Soyez assuré, que j'ai fait tout mon possible pour ne pas en arriver à cette extrémité mais les choses sont allées beaucoup trop loin.
C'est donc par respect et par loyauté envers ces professionnelles, nos lecteurs, ces bénévoles mais aussi envers moi-même, que je me désolidarise ici de façon totale, absolue et irrévocable des Collectifs Parents en Colère.

 

Bien sincèrement,

 

Diane

 

 

 

 

 

 

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