17 septembre 2023
Reportage

Marche blanche à Metz en mémoire de Bruno

Bruno avait 16 ans. Sa gentillesse et sa joie de vivre forçait l’admiration de tous ceux qui l’ont connu. Il aurait voulu être pompier ou joueur de foot mais ses rêves s’étaient effondrés quand il avait pris conscience de son handicap.

Il était atteint d’une maladie génétique inconnue et dégénérative qui touchait son équilibre, l’ensemble de sa musculature et son intellect. Depuis son plus jeune âge, Bruno se montrait très courageux à endurer les nombreux examens médicaux qu’il avait dû subir. À l’âge de 4 ans, il avait affronté un IRM sans que l’on ait besoin de recourir à une anesthésie. Cet exploit, pour son âge avait forcé le respect de toute l’équipe médicale qui l’avait applaudi.

La faiblesse de son corps était inversement proportionnelle à sa force de vie, à l’amour qu’il portait dans son cœur et qu’il témoignait à chacun. « Il était connu de tous dans le quartier, saluait tout le monde dans le bus et offrait des sourires qui ne laissaient personne indifférent. Il avait une mémoire exceptionnelle et se souvenait de chaque visage qu’il croisait ». Son empathie et cet amour qui le portait, faisait de lui un être attentionné, à l’écoute et toujours prêt à aider.

« C’était le plus gentil de l’école » témoigne un de ses camarades venu se recueillir sur sa tombe et y verser des larmes d’un chagrin profond et très émouvant. De nombreux dessins et petits mots sont régulièrement déposés sur sa tombe.

Ce jeudi 15 juin 2023, lui et 5 de ses camarades, accompagnés par 3 éducateurs se rendirent à Woippy Plage pour y passer l’après-midi. Tout groupe souhaitant se baigner devait déposer une demande préalable en mairie ce qui n’a pas été le cas. Le lieu n’était pas, à cette date, autorisé pour la baignade. Sa disparition fut constatée et signalée vers 18 h. Les recherches furent d’abord infructueuses puis on retrouva son corps sans vie vers 19 h. Bruno s’était noyé.

Une enquête est en cours, une plainte contre X a été déposée et l’avocat de la famille a demandé diligence pour recueillir tous les éléments qui permettront de comprendre ce qui s’est passé.

Dans l’attente, la famille reste comme figée dans une douleur insupportable. Sa grand-mère, Rosinda, depuis toujours très proche de son petit-fils est anéantie, dévastée d’une douleur qui n’a pas de mot. Elle soutient depuis toujours, sa fille Mara, la maman de Bruno dans toutes les démarches médicales et scolaires.

Mara ressent beaucoup de colère, de douleur et d’injustice face à la mort de son petit garçon, sentiments exacerbés par le silence qui s’impose durant l’instruction. « Ne pas savoir ce qui s’est passé, qui est responsable est insupportable. Comment ont-ils pu le laisser se baigner alors même qu’il n’y était pas autorisé en raison de son handicap physique ? » nous dira-t-elle. 

Chaque démarche, qu’elle doit effectuer, est presque insurmontable tant la douleur est vive. Son tourment se mêle à la colère et au chagrin : « J’ai dû aller récupérer ses affaires et ai trouvé un maillot de bain, pourquoi ce maillot de bain alors qu’il ne pouvait se baigner ? » nous confie-telle.

Rosinda fait partie du Collectif des Parents Résistants 57, dont chacun des membres partage la douleur de cette grand-mère dévouée et aimante et la colère de Mara, la maman de Bruno. « La baignade était interdite, un panneau l’indiquait très clairement. Pourquoi ? Nous voulions savoir qui est responsable. Elles ont besoin de savoir ce qui s’est passé, qu’une condamnation soit prononcée. Bruno ne doit pas être classé dans les faits divers c’est insupportable », témoigne Névine, du collectif. Elle a organisé, pour la famille,  ce samedi 16 septembre une marche blanche dans Metz afin de demander que justice pour Bruno. Elle témoigne de son admiration envers Rosinda et Mara qui restent très respectueuse de l’instruction et du silence imposé. « Je crois que je ne pourrais pas me contenir s’il s’agissait de mon enfant » nous avoue-t-elle avec une émotion palpable. « La vie de Bruno a été prise mais avec elle tout un pan de vie de sa grand-mère. Il était tout pour elle ». Josée connaissait Bruno à travers les échanges qu'elle a régulièrement avec Rosinda, la grand-mère de Bruno, au sein du collectif et des actions qu'elles y menaient ensemble. «Je sais l'amour que se portaient Bruno et sa grand-mère. Je suis aussi présente pour la maman de Bruno qui a une force et un courage à toutes épreuves, une maman aimante protectrice. Sa colère et sa douleur sont incommensurables. Le temps s'est arrêté à jamais pour la famille, je suis révoltée. Une partie de leur âme s'est envolée avec lui. Bruno était sous la protection des éducateurs qui devaient prendre soin des enfants, justice doit être rendue.»

Cette marche blanche était très attendue par la famille mais aussi par le collectif. Chacun espère qu’elle aura permis d’avancer un peu dans le long et difficile chemin du deuil.


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