2 juillet 2022
Politique

Hôpital : le cynisme de la macronie et du néo-libéralisme ?

L'effondrement de l'un des meilleurs systèmes de santé au monde ?

 

--En résumé.

Après un démantèlement de l'hôpital initié en France depuis des années, le gouvernement Macron a battu un record annuel avec 5700 fermetures de lits en 2020, en pleine crise COVID19. Y a-t-il eu réelle prise de conscience politique dans les mois suivants ?

Deux faits parlent d'eux mêmes :

  • Au 1er Octobre 2021, la fermeture d'un lit sur cinq à l'hôpital, faute de soignants.

  • Au 1er Juillet 2022, les 15 000 soignants suspendus non-vaccinés ne sont toujours pas réintégrés même si E. Macron et O. Véran l'avaient évoqué.

 

Concernant l'été 2022, confrontés à un manque de lits et de personnel, 20% des services d’urgence sont menacés. Tout comme avec le  « Ségur de la santé », la « mission flash » commandée par le gouvernement propose quelques mesures d'urgence sans réforme de fond, ni d'efforts structurels suffisants pour redresser l'hôpital.

 

Après avoir été un pays pris en modèle pour son système de santé et son hôpital, l'objectif politique inavoué serait-il la privatisation  ?

 

 

-Plus de précisions. (sources)

 

Les précédents présidents de la république, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont tous rendus responsables de la fermeture de 4700 lits par an depuis 16 années (en moyenne, soit 75 000 au total entre 2003 et 2019). Mais le président Macron a franchi une étape doublement symbolique en 2020, avec 5700 fermetures en pleine crise COVID19 (1).

Même si l'on peut modérer ces chiffres de suppression de lits au regard de la contagiosité du COVID19 et donc de l'isolement accrus des malades (seuls par chambre), il n'y a eu aucune prise de conscience du pouvoir en place face à l'évidence de la faillite d'une politique de santé néolibérale qui laisse les Français sans soins en cas de crise sanitaire imprévue de type pandémie.

 

Pire, le « Ségur de la santé » annoncé à grand renfort de publicité par le gouvernement Macron, s'est résumé à des mesures à la marge alors que la situation nécessiterai « une refonte du système de santé publique », comme en témoigne Pierre Schwob Tellier, du collectif Inter-urgences. Ce dernier annonçait depuis trois années « un effondrement » et rappelait la nécessité de plus moyens exprimée par cette longue grève des urgence de 2019. A ce jour, il n'entrevoit pas de solution pour réouvrir les urgences déjà fermées d'ici cet été (2).

 

Selon le collectif Inter-urgences, le Ségur de la santé « n'a absolument pas répondu aux questionnements de l'hôpital public », analyse confirmé par le sénat dont le rapport juge les décision insuffisantes (3).

 

Chacun pourra s'interroger sur la réelle volonté de changer les choses avec une énième mission annoncée fin mai 2022 ("Mission flash" pour l'hôpital) dont l'annonce précède les élections législatives.

Le président de l'association Samu-Urgences de France, François Braun a soumis avec succès au gouvernement les 41 recommandations de cette « mission flash » censées "faciliter la gestion de cette période estivale à haut risque"(3 bis).

Avec des mesures de bon sens comme appeler le « 15 » avant de se déplacer aux urgences, et la possibilité d'exercer pour les médecins retraités, ou encore la promotion des téléconsultations, cette mission se positionne en actions d'urgence et ne propose pas de réformes structurelles nécessaires aujourd'hui à l'hôpital.

Autre mesure phare, les agents administratifs, les aides-soignants, les infirmiers et les médecins hospitaliers seront payées double tout cet été. Ce type d'incitations déjà proposées maintes fois depuis le début de la crise sanitaire est jugée peu efficace par Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers (3 bis).

 

 

Confrontés à un manque de lits et de personnel, 130 services d'urgence sont menacés, soit 20% des 620 établissements ayant un service d’urgence en France(4).

Dès Octobre 2021, le Conseil scientifique alertait : un lit sur cinq est fermé à l'hôpital. En effet faute de soignants, quinze mille soignants avaient été suspendu suite au refus de vaccination Covid19(5).

De plus, ces chiffres de suspension paraissent très certainement minorés car ils ne comprennent pas les soignants en arrêt maladie.

 

Au canada, l'un des pays les plus sévères voire autoritaires dans sa gestion de cris du COVID19, les soigants non-vaccinés ont été réintégrés depuis la mi-Avril 2022(6).

 

Pourtant favorable à l'obligation vaccinale des soignants, Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France tire la sonnette d'alarme concernant l'hôpital en région parisienne (AP-HP), où 15% des lits sont fermés par manque de personnel, et prédit un été encore pire... (7)

E.Macron et O.Véran évoquaient une possible réintégration en avril mais à ce jour, cette mesure n'est toujours pas concrétisée (8).

 

De façon globale, l'économiste de la santé Nathalie Coutinet résume le paradoxe fondamental ainsi : «On demande à l’hôpital de réduire ses dépenses, de réduire son budget alors que la population augmente et vieillit». Elle analyse que les plans d’économies concernant les établissements de santé mènent obligatoirement à des suppressions de lits (9).

 

A un tel niveau de cynisme ou d'incompétence des politiques dans la gestion de la santé, leur but serait-il de privatiser la santé en achevant de détruire tout d'abord l'hôpital public ?

 

L'ensemble des professionnels de santé qui tirent la sonnette d'alarme seront-ils entendus et suivis par les Français dans un élan refondateur de la santé comme bien commun ?


 

 

 

 

 

(1) En plein Covid, 5.700 lits d'hôpital ont été supprimés en 2020 source la tribune

Pourquoi 5 700 lits d'hôpitaux ont-ils été supprimés en France … ouest france

https://www.bienpublic.com/elections/2022/01/04/le-gouvernement-a-t-il-vraiment-supprime-5-700-d-hopitaux-en-pleine-pandemie

https://www.leparisien.fr/economie/hopital-17-500-lits-de-nuit-fermes-en-six-ans-17-10-2019-8174565.php

 

(2) https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/mission-flash-pour-l-hopital-une-nouvelle-mission-pour-quoi-faire-s-interroge-pierre-schwob-tellier-membre-du-collectif-inter-urgences_5170672.html

 

(3)

http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/redaction_multimedia/2022/2022_Documents-PDF/20220331_rapport_CE_Hopital.pdf

 

(3) bis

https://www.europe1.fr/sante/crise-aux-urgences-quelles-sont-les-mesures-pour-soutenir-lhopital-4116406

https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/hopital-le-bonus-pour-les-medecins-liberaux-c-est-incitatif-c-est-ce-qu-on-demande-depuis-un-an-indique-le-president-de-la-csmf_5232247.html

 

(4).

https://www.ouest-france.fr/sante/carte-crise-a-l-hopital-les-services-d-urgence-sont-ils-en-difficulte-dans-votre-departement-2872ed4a-e289-11ec-a665-c765ae49fc18

https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/cartes-crise-a-l-hopital-les-services-d-urgence-sont-ils-en-difficulte-avant-l-ete-dans-votre-departement_5169790.html

 

(5).

https://www.radiofrance.fr/franceinter/hopital-un-lit-sur-cinq-ferme-faute-de-soignants-d-apres-le-conseil-scientifique-2125300

 

(6).

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1873479/vaccination-obligatoire-travailleurs-sante-retour-nouveau-brunswick

 

(7)

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/covid-19-doit-on-reintegrer-les-soignants-non-vaccines_2174220.html

 

(8).

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/23/reintegrer-les-soignants-non-vaccines-combien-et-comment_6127332_3224.html

 

(9).

https://www.liberation.fr/checknews/emmanuel-macron-a-t-il-ferme-17-600-lits-dhopital-en-quatre-ans-comme-laffirme-francois-ruffin-20211224_ZDEGBEMS4BHW3CGKLAOKL275ME/

 

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